L’annonce inattendue de la fermeture de Medicago à Québec, jeudi soir, continue de semer la consternation sur la scène politique municipale. Le chef de l’opposition à Québec, Claude Villeneuve, redoute ses effets sur la relance du secteur D’Estimauville.
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« C’est la pire nouvelle économique à Québec depuis longtemps. Trois cents pertes d’emplois, un investissement stratégique dans lequel on avait mis du temps, de l’influence, du démarchage. C’était majeur comme investissement qu’on avait attiré à Québec. Que ça se volatilise comme ça, c’est vraiment dévastateur », a-t-il d’abord réagi en entrevue vendredi.
Le chantier de la nouvelle usine de productions de vaccins – dont la construction est toujours en cours – avait été lancé en 2018. Évalué à 245 M$, le projet occupe un immense terrain dans le secteur D’Estimauville, à proximité de l’écoquartier en développement. La CNESST s’y est installée avec plus de 1 700 travailleurs et compte aussi sur la présence d’environ 1 000 fonctionnaires fédéraux.
« L’opération de revitalisation de D’Estimauville n’est pas complétée. Il y a encore des gros édifices en construction. Il y a un autre bloc qui va être construit. Il y a le pôle d’échanges du tramway qui s’en vient aussi. Mais c’est sûr que Medicago, c’était un socle sur lequel on comptait établir la relance de D’Estimauville », rappelle M. Villeneuve, qui représente aussi les citoyens de Maizerets-Lairet.
Précisons que l’écoquartier est à cheval entre son district et celui de sa consoeur Isabelle Roy (Robert-Giffard). « Ça ne met pas la clé dans la porte de la relance de D’Estimauville mais c’est sûr que c’est un pas dans la mauvaise direction...Il faut attirer une autre organisation dans ces locaux-là, idéalement dans les sciences de la vie. »
Le départ d’un « fleuron »
À l’instar du maire Bruno Marchand, qui a brièvement commenté la nouvelle la veille sur les réseaux sociaux, il se désole lui aussi du départ d’un « fleuron » québécois, lequel était passé à des intérêts japonais en 2013. La Ville avait consenti un rabais de 6,5 M$ sur les terrains vendus à Medicago à l’époque. « C’est sûr qu’on n’a pas eu le retour sur l’investissement qu’on attendait », résume le chef de l’opposition.
Le ministre québécois Pierre Fitzgibbon a confirmé, vendredi, qu’on l’avait informé de ce qui s’en venait depuis la fin du mois de décembre. « Du côté du maire de Québec, est-ce qu’on était au courant, est-ce qu’on a posé des actions et pris le téléphone pour attirer d’autres capitaux, d’autres investisseurs ? », s’interroge Claude Villeneuve.
Un pari risqué, selon Smith
La conseillère de Limoilou, Jackie Smith, a déploré à son tour les pertes d’emplois. « C’est vraiment malheureux pour tous les employés qui espéraient travailler là. C’est quand même une grosse compagnie (...) Je veux souligner que c’est le risque qu’on court quand on vend à rabais nos terrains et qu’on fait affaire avec une multinationale. Elles sont volatiles et peuvent se retirer rapidement. »
Tant Claude Villeneuve que Jackie Smith estiment malgré tout qu’il s’agit d’une décision d’entreprise isolée qui n’est pas du tout symptomatique d’un quelconque ralentissement de l’économie régionale.