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Pratiques policières: pour mieux servir et protéger

Bloc Police

Photo d'archives, Agence QMI

Il y a exactement deux ans, le 30 janvier 2021, le maire de Memphis recevait les résultats du rapport Reimagining Policing1 (Réimaginer la police). Nous l’avons examiné et une recommandation en particulier nous a fait réagir. Elle disait : « Instaurez une culture au sein du département de police de Memphis qui aborde et, espérons-le, surmonte ce qui est une approche blasée ou endurcie compréhensible que de nombreux agents développent au fil du temps envers les suspects criminels » (traduction Google). Le constat est clair, Il avait mis le doigt sur un aspect de la culture de l’organisation.  

Pourtant, le 7 janvier dernier, Tyre Nichols, homme noir de 29 ans, décédait après avoir été battu à mort par des policiers membres d’une unité spéciale de la police de Memphis, qui l’accusaient d’infraction au code de la route. Nous n’avons pas eu connaissance des actions prises suite à ce rapport. Par contre selon la Ville, la police était déjà en conformité avec une grande partie de la campagne "Eight Can't Wait"2, qui propose huit changements nécessaires dont une bonne partie touchent à l’utilisation de la force.  

De plus, la police a de la diversité dans ses rangs, dont les policiers de l’unité spéciale qui sont impliqués. Les policiers portaient également des caméras corporelles, en plus de l’existence dans le quartier de caméras de types SkyCop qui ont permis de voir les détails de l’intervention. La responsabilité a été prise aussi après coup de la part du service de police, l’unité a été temporairement démantelée, les policiers devront faire face à la justice. Malgré tout cela, une personne est décédée suite à une arrestation, alors qu’elle n’aurait pas dû l’être.  

Évènement tragique moteur de changement 

Cet événement, tragique et choquant, qui s’est passé au sud de notre frontière, nous rappelle le changement déjà entamé par plusieurs corps policiers, tout le travail à accomplir et l’importance d’appliquer les bonnes solutions. Posons-nous la bonne question, comment pouvons-nous faire de la meilleure police? En d’autres mots, comment mieux servir et protéger? 

Bien que notre réalité québécoise diffère un peu de celles des États-Unis, tant au niveau des pratiques policières que de la formation policière, cet événement fait ressortir des constats communs quant à la façon de faire évoluer la police. 

En priorité, il faut s’intéresser à la gouvernance et aux pratiques policières plutôt qu’aux individus qui la composent. La culture d’une organisation ne s’exprime pas individuellement, mais se reflète à travers le processus d’intégration des nouvelles recrues, la gestion des ressources humaines et dans les pratiques liées à ses activités.  

La culture de l’organisation 

Ensuite, plus de personnes s’identifiant à la diversité au sein de la police, ça ne rend pas automatiquement l’organisation inclusive. Précisons que la représentation de la diversité au sein d’organisations policières est nécessaire, mais elle ne peut à elle seule répondre aux enjeux. Une organisation au sein de laquelle on note une absence totale de personnes pouvant être considérées comme racistes peut quand même laisser libre cours à des pratiques discriminatoires. La culture de l’organisation et les façons de faire du milieu influencent les personnes qui la composent.  

Enfin, un changement de culture n’arrive pas du jour au lendemain, il peut prendre des années. Il faut se doter de mécanisme de transition. D’autant plus que dans les services policiers, il y a plusieurs angles morts: les interpellations routieres aleatoires qui tournent mal sont souvent médiatisées, mais qu’en est-il des autres pratiques au niveau des enquêtes ou des unités spécialisées? Sont-elles examinées?  

Réfléchissons à de la prévention au sein de la police, en amont, pour mieux servir et protéger la population. 

Photo courtoisie, Uena

Shahad Salman, co-fondatrice de l’Agence Uena et membre du comité expert en profilage racial et social du SPVM

Photo courtoisie, Uena

Dafina Savic, co-fondatrice de l’Agence

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