La députée libérale fédérale de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos, a semé la controverse dans les derniers jours en avançant des informations erronées au sujet de la loi 96 en comité parlementaire à Ottawa. Une fronde contre la réforme de la loi sur les langues officielles du gouvernement qui soulève bien des questions.
En comité parlementaire, la députée s’est faite la porte-parole d’une de ses électrices qui aurait vécu une fâcheuse situation lors d’une visite à l’hôpital. La citoyenne avait été contrainte d'accompagner sa grand-mère unilingue anglophone à un rendez-vous médical puisque, au rendez-vous précédent, elle n'avait pu obtenir de service dans sa langue en raison des dispositions de la loi 96 du Québec.
La loi prévoit pourtant qu'un médecin ne peut, dans l’exercice de ses activités professionnelles, refuser de fournir une prestation pour le seul motif qu’on lui demande d’utiliser la langue officielle.
Selon Stéphane Bédard, Mme Lambropoulos a utilisé la situation pour s’acharner contre le projet de loi.
«Je pense que toutes les raisons sont bonnes pour nourrir le sentiment antifrancophone au Canada et Mme Lambropoulos s’en fait parfaitement la porte-parole, explique Stéphane Bédard. Le problème c’est que c’est une députée du parti libéral, ça veut dire que le sentiment antifrancophone au sein du parti se porte très bien.»
Les jouteurs s’entendent pour dire que la situation représente un réel test pour Justin Trudeau, alors qu’Emmanuella Lambropoulos, Anthony Housefather, Marc Garneau et Patricia Lattanzio, tous des députés de circonscriptions à forte concentration anglophone de Montréal, ont appuyé l’amendement contre le projet de loi de leur propre gouvernement.
«Soit cet amendement a été déposé avec l'appui [de Justin Trudeau] et il était bien au courant de cette tactique qu’allaient proposer ces quatre députés, soit il n’avait aucune idée, son cabinet non plus, et c’est un affront à son leadership et à sa place comme premier ministre, explique Yasmine Abdelfadel. J’ose espérer que si c’est le deuxième cas, il va sortir rapidement et les remettre à leur place pour que le projet de loi soit adopté de la même manière que Ginette Petitpas Taylor l’a déposé.»
Quant à lui, Stéphane Bédard estime qu’il s’agit carrément d’un affront au leadership du premier ministre.
«Une de ses députées à l’intérieur de son propre projet de loi le retarde et le diminue en termes d’impact, lâche M. Bédard. Qui a peur de Justin Trudeau? Il semble qu’il n’y ait plus beaucoup de gens qui ont peur de le critiquer à visage découvert.»
Pour sa part, Luc Lavoie croit que la cohésion interne du parti libéral commence à s’effriter.