Pour son rôle dans une violente agression raciste survenue dans Saint-Roch, une femme a été condamnée mardi à 42 mois d’emprisonnement, une peine visant à lui faire prendre sa responsabilité dans l’attaque a insisté la juge et ce, même si elle n’a porté aucun coup.
Malgré le fait que c’est son complice Vincent Tardif qui aurait frappé la victime derrière la tête avant de le rouer de coups et de lui lacérer le visage à l’aide d’une lame, le rôle de Sabrina Blanchette dans l’attaque gratuite n’est pas à négliger a insisté la juge Marie-Claude Gilbert dans son jugement mardi.
Sur une vidéo filmée par les amis de la victime, on entend l’accusée dire «est-ce qu’on se les taille? On se les fait», en parlant du groupe de sept touristes d’origine arabe qu’ils venaient de croiser et d’insulter sur le parvis de l’église Saint-Roch.
En s’adressant directement à la victime, Blanchette répète ensuite «Je te taille. Je n’ai pas peur de retourner en dedans».
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«Gratuit et révoltant»
Pour ces gestes, la femme de 39 ans avait plaidé coupable de voies de fait graves et de menaces de mort.
La victime, âgée de 19 ans, a gardé de lourdes séquelles de l’agression gratuite, notamment un stress post-traumatique qui l’a confiné à sa chambre pour les trois ou quatre mois suivant l’attaque. Le jeune homme a gardé une peur des endroits publics et une certaine paranoïa qui s’accompagnent de flashbacks et de cauchemars en lien avec le crime.
Au niveau physique, l’attaque lui a causé une fracture à l’arrière de la tête, une commotion cérébrale sévère, des lacérations au visage, des dents brisées, des côtes cassées et un pneumothorax.
«Sa vie de jeune homme de 19 ans a été mise sur pause durant plusieurs mois», a exposé mardi la juge Gilbert, qui a qualifié l’attaque de «gratuite et révoltante»
Trafic de stupéfiants
Pour sa défense, Sabrina Blanchette a plaidé que ses problèmes de consommation étaient à l’origine des actes qu’elle dit regretter. La femme a d’ailleurs été condamnée pour un chef de trafic de stupéfiants pour avoir vendu du GHB à deux reprises à un agent d’infiltration dans les mois suivants l’agression du 11 juillet. Des 42 mois de la peine prononcée mardi, 6 mois visent ce chef d’accusation.
Blanchette a mentionné au tribunal avoir été sous l’influence du GHB et de l’alcool le soir de l’attaque. Elle affirme qu’elle n’aurait jamais tenu de tels propos à jeun et dit ne pas être raciste, une explication que la juge Gilbert qualifie dans sa décision de «bien peu satisfaisante».
«Malgré ses regrets, il reste que l’attaque du 11 juillet 2021 est le fait d’un acte impulsif, imprévisible, haineux et perpétré par une délinquante toxicomane», a expliqué la magistrate.
Ayant purgé 604 jours d’emprisonnement provisoire, Sabrina Blanchette devra passer les 21 prochains mois en détention.
Son complice dans l’agression, Vincent Tardif, doit quant à lui revenir devant le tribunal le 6 mars prochain pour fixer la date de son procès.