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«Mégantic»: une œuvre chorale profondément humaine et touchante

C’est une œuvre profondément humaine et touchante que les artisans de la série «Mégantic» proposeront sur Club illico dès jeudi, près de 10 ans après la tragédie ayant fait 47 morts et marqué à jamais la municipalité de 5600 âmes. 

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En visionnant les épisodes 1 et 3, mardi, au Cinéma Impérial, à Montréal, plusieurs ont été soufflés par les émotions, laissant les larmes couler sur leurs joues pour vivre pleinement ce désastre qui, encore aujourd’hui, demeure douloureux pour de nombreux Méganticois.

Les explosions successives et l’incendie des wagons de pétrole brut qui ont dévasté le cœur de Lac-Mégantic, le 6 juillet 2013, ont été vus par tous les Québécois à la télé, mais d’aller à la rencontre de personnages qui, comme Gabrielle (Lauren Hartley) et Patrice (Olivier Gervais-Courchesne), commençaient à peine leur histoire d’amour fend littéralement le cœur. Gabrielle est inspirée de Geneviève Breton, 28 ans, qui avait pris part à «Star Académie» en 2008 et bossait sur son premier album, qui a été lancé en 2014 à titre posthume. Dans son cas et pour bien d’autres Méganticois, le destin aura voulu que sa vie – comme sa carrière naissante – prenne fin abruptement.

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L’émotion est aussi au rendez-vous dans le troisième épisode, celui s’intéressant aux frères Lamarre, soit Daniel (Éric Robidoux) et Vincent (Bruno Marcil). Ils sont tous deux inspirés des frères Lafontaine, dont l’un, un héros, a permis d’éviter le pire quand il a utilisé de la machinerie de son entreprise d’excavation pour tirer des wagons avant que ceux-ci n’explosent. Vincent a perdu sa femme, son frère et sa belle-sœur au Musi-Café, où bon nombre de victimes étaient rassemblées lors d’une soirée qui devait se dérouler comme toutes les autres. Chapeau d’ailleurs à MM. Robidoux et Marcil qui font honneur à leur talent, tout comme les autres acteurs dirigés par le réalisateur Alexis Durand-Brault («Portrait-robot», «Au secours de Béatrice»).

Photo fournie par la production.

On anticipe l’épisode consacré à Bryan (Joakim Robillard), un pompier volontaire qui sera incapable de survivre après avoir vécu l'horreur. Ces gens qui sont morts plus tard viennent d’ailleurs gonfler le nombre de victimes de Lac-Mégantic.

Les huit épisodes, qui sont autant de «petits films» concoctés par l’auteur Sylvain Guy («Mafia inc.», «Confessions»), s’intéressent à une victime, à une famille ou à un pompier, par exemple, nous les présentant avant, pendant et après le déraillement. Les personnages se croisent d’un épisode à l’autre, contribuant à ce qu’on attache à eux et qu’on soit remué par ce qui les attend.

M. Guy, qui s’est lié d’amitié avec des Méganticois au fil de ses recherches, parle d’un projet «profondément humain» et «transformateur» pour lui. C’est immensément touchant, il faut le dire, de vivre le drame de l’intérieur et de constater qu’on a donné le budget nécessaire aux créateurs de «Mégantic» pour que le tout soit raconté avec autant de vérité. Il a fallu plus d’un an de postproduction pour recréer les explosions et l’incendie, ce qui n'arrive jamais dans notre petit marché. Cette œuvre chorale a ainsi les moyens de ses ambitions et devrait conquérir d’autres publics à l’international.

«Pour une fois qu’au Québec on se donne les moyens de conter nos histoires, je trouve ça fabuleux», a dit Alexis Durand-Brault en table ronde après le visionnement. «Ça nous a demandé de trouver des façons de financer le "show". Et, notamment, on a ajouté [de l’argent] par une commandite de Vidéotron pour arriver à pouvoir faire quelque chose qui pourrait rendre justice à la série, dans le respect de l’événement», a raconté le vice-président de Québecor Contenu, Denis Dubois.

On a aussi recréé une partie du centre-ville de Lac-Mégantic, notamment la rue où se trouvait le Musi-Café, en plus d’acheter des wagons servant à transporter le pétrole brut.

La série, comme nous l’avons déjà souligné, s’intéresse aux humains à travers tous ces bouleversements, évacuant la dimension politique. La mairesse de l’époque, Colette Roy-Laroche, n’est donc pas de la partie, puisqu’on vit le drame à travers des gens ordinaires, mais aussi à travers le chauffeur de la locomotive Tom Harding, rebaptisé Tim Richards (Duane Murray) dans la série. On aborde aussi tout le travail fait par des travailleurs sociaux de l’équipe de proximité, qui demeure active à Lac-Mégantic une décennie plus tard.

L’œuvre est teintée de sensibilité et d’empathie, et surtout ce sont des Québécois qui la racontent en ayant pris soin d’aller à la rencontre des Méganticois. Ceux-ci ont ainsi pu partager une partie de leur peine avec tous les Québécois.

Produite par ALSO, en collaboration avec Québecor Contenu, «Mégantic» est disponible dès le 9 février sur Club illico.

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