Une forte majorité de gestionnaires de services d’incendie (SI) du Québec craint le manque de relève en dehors des centres urbains et un impact sur la sécurité si rien n’est fait pour y remédier.
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Selon un rapport de recherche dévoilé mercredi par l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ), 72 % des responsables de SI dans les régions anticipent des défis de relève qui posent des risques en matière de sécurité incendie.
Dans les régions éloignées, cette proportion est de 84 %.
L’étude, basée sur un sondage soumis à près de 400 gestionnaires de la province, démontre que plus une municipalité est petite, plus l’attraction et la rétention des pompiers sont difficiles.
Pas moins de 75 % des municipalités de 10 000 habitants et moins ont des enjeux de relève.
« Préoccupant »
« C’est préoccupant, réagit Jean Bartolo, coprésident de l’AGSICQ. Si on ne pose pas des gestes, on pourrait se retrouver d’ici quelques mois, quelques années avec des services qui ont de plus en plus de difficultés à combler des postes de pompiers volontaires et à temps partiel. »
Ces derniers composent plus de 75 % de l’effectif des 21 000 pompiers répartis sur le territoire québécois.
« Il faut agir maintenant pour éviter de se retrouver avec des pénuries de pompiers », plaide M. Bartolo, disant avoir été encouragé par une rencontre la semaine dernière avec le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui a fait preuve d’« écoute » et de « volonté » selon lui.
À l'inverse, la situation est beaucoup plus stable dans les centres urbains, où le personnel est majoritairement employé à temps plein, souligne-t-il.
Selon le rapport, les principaux freins à l’embauche sont les difficultés de conciliation avec la vie familiale ou l’emploi principal du pompier volontaire ou à temps partiel, le manque d’intérêt des nouvelles générations pour le poste et l’étroitesse du bassin de main-d’œuvre, dû notamment au vieillissement de la population.
Plusieurs solutions envisagées
Les exigences en matière de disponibilité (travail sur appel, pratiques régulières) et les besoins de formation pèsent aussi beaucoup dans la décision de plusieurs pompiers de quitter le domaine.
Selon l’AGSICQ, un allègement des mesures fiscales pour ces travailleurs doit être envisagé, alors que les crédits d’impôt actuels et les salaires ne sont pas particulièrement attractifs, selon M. Bartolo.
L’association propose également la diffusion d’une campagne nationale de valorisation de la profession encourageant la population à devenir pompier, la simplification du processus de formation et l’implantation d’incitatifs pour favoriser les regroupements de services.
Un problème de main-d’œuvre urgent :
65 % des municipalités de 50 000 habitants et moins ont des enjeux de relève
75 % des municipalités de 10 000 habitants et moins ont des enjeux de relève
80 % des gestionnaires estiment que l’embauche sera difficile au cours des prochaines années
92 % des gestionnaires dans les régions éloignées considèrent que la problématique hors des grands centres devra être une priorité pour les décideurs
Les inquiétudes sont les plus élevées dans le Nord-du-Québec, en Abitibi-Témiscamingue, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et dans le Bas-Saint-Laurent
Le nombre de pompiers volontaires et à temps partiel a chuté de 19 % au Québec depuis 20 ans
Source : Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ) et rapport de recherche