Le gouvernement Trudeau n’a vraisemblablement pas l’intention de revenir sur sa proposition d’offrir 46,2 milliards $ supplémentaires sur dix ans aux provinces, malgré les attentes d’un montant six fois plus élevé des provinces.
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«Celui qui détient l’or fait les règles», a lancé en anglais Dennis King, premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, au sortir d’une rencontre avec Justin Trudeau mercredi après-midi.
M. King a indiqué qu’il était prêt à accepter l’offre d’Ottawa, même si le montant ne correspondait pas aux ambitions de tous.
«Allons-nous avoir besoin davantage au courant des prochaines années? Oui. [...] Mais pour moi, c’est un montant considérable, c’est de l’argent dont nous avons besoin, et nous sommes prêts à nous en servir», à temps pour l’inclure dans le budget qui arrive à grands pas, a-t-il dit.
M. King s’est réjoui du volet bilatéral du plan d’Ottawa, par le biais duquel le fédéral se réserve 25 milliards $ sur dix ans spécifiquement dédiés aux ententes à la pièce selon les besoins des provinces. Ces ententes pourraient, selon le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos et Justin Trudeau, être signées au courant des prochaines semaines ou des prochains mois.
M. Duclos doit envoyer des lettres à ses homologues provinciaux dans les prochains jours pour leur demander un plan d’action qui permettra de justifier et d’évaluer les besoins des provinces, en accord avec les priorités d’Ottawa.
Comme l’a indiqué clairement M. Trudeau hier : «La marge de manœuvre est dans les accords bilatéraux.»
«On comprend que si j’étais premier ministre d’une province, moi aussi j’aimerais en demander davantage encore», a dit M. Duclos mercredi matin.
François Legault a lui-même déclaré mercredi soir qu’il s’agissait, à ses yeux, d’une «offre finale».
Les premiers ministres provinciaux doivent discuter du plan de match pour la suite des choses ce vendredi, selon Dennis King.
Le plan attaqué de toutes parts au Parlement
Le Parti conservateur du Canada et le Bloc Québécois ont tous deux démonté, mercredi, la hausse du transfert en santé proposée par le gouvernement Trudeau aux provinces la veille.
Le montant total est loin de ce à quoi s’attendaient les provinces, qui réclamaient environ 28 G$ de plus par année. Le plan fédéral en propose moins de 5.
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«Hier, le premier ministre a dit qu’à cause du fait qu’il a dépensé tout notre argent, il n’y en a pas assez pour fournir les sommes demandées par les premiers ministres provinciaux pour régler le système de santé», a décrié le chef conservateur Pierre Poilievre.
Pour ce dernier, les dépenses «inflationnistes» des libéraux ont vidé les coffres de l’État et elles «privent les premiers ministres provinciaux de l’argent dont ils ont besoin pour régler le système de santé».
M. Poilievre s’est toutefois gardé de relever les enchères.
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«Je ne vais jamais promettre des choses que je ne peux pas livrer. Donc, je vais regarder les dommages que Justin Trudeau a faits après huit ans à nos finances, avant de faire des engagements financiers.»
De son côté, Yves-François Blanchet a fait valoir que son parti pourrait voter contre le budget si les libéraux n’augmentent pas leur contribution aux transferts en santé.
Le montant sur la table n’est «pas suffisant».
«On était en droit de s’attendre à davantage qu’un pétard mouillé», a déclaré le chef du Bloc Québécois mercredi.
«Il faudra obliger le gouvernement à bonifier son offre de façon importante s’il veut être capable de faire passer un budget quelque part comme à la fin du mois de mars», a déclaré M. Blanchet.
Sans promettre d’en faire un point de non-retour dans sa relation avec les libéraux, le chef du NPD Jagmeet Singh a critiqué le gouvernement Trudeau pour n’avoir pas inclus assez de conditions, notamment en ce qui a trait à la protection du système public.
M. Singh n’est toutefois «pas prêt» à dire si son parti serait prêt à voter contre le prochain budget fédéral à ce stade-ci.