Un enseignant des Laurentides a réclamé et obtenu des dédommagements financiers de quatre de ses étudiants qui avaient endossé un chandail avec des propos sexuels et dégradants à son endroit.
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«J’ai pas fait ça pour l’argent, j’ai fait ça pour ne pas que ça se reproduise», dit monsieur Alexandre qui a demandé qu’on taise son nom de famille pour ne pas subir de commentaires déplacés.
Tout a débuté en 2019, quand il a reçu un texto d’une élève qui travaillait au cinéma du Centre commercial Carrefour du Nord à Saint-Jérôme.
Elle lui a dit que quatre autres étudiants se promenaient dans le complexe avec un chandail avec sa photo où on lisait une phrase impliquant une pratique sexuelle avec un autre professeur.
Ils se sont promenés dans le centre commercial avec leurs chandails avant d’entrer dans le cinéma.
Une capture d’écran d’images de caméra de surveillance du cinéma a d’abord permis d’identifier un des quatre jeunes, un élève de monsieur Alexandre.

Suspension insuffisante
Un autre des jeunes a à nouveau porté le t-shirt la semaine suivante, cette fois à l’école. Une fois les élèves identifiés, la direction les a suspendus trois jours avec obligation de faire une lettre d’excuse pour le retour en classe.
«C’est comme s’il était arrivé n’importe quel autre incident. Mêmes conséquences, mêmes conditions de réintégration en classe. Ce n’est pas à la hauteur de ce que j’aurais souhaité», a confié monsieur Alexandre à l’émission J.E diffusée vendredi soir à 21 h 30.
Insatisfait des mesures prises par l’école, l’enseignant a envoyé une mise en demeure aux quatre élèves et leurs parents leur réclamant mille dollars chacun.
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Poursuite civile
«Ce qui fait réfléchir un peu plus, c’est la crainte de se dire là, on va payer pour ça.»
Il y a eu négociation avec les quatre familles. Trois ont conclu des ententes secrètes hors cour.
La quatrième famille, dont un des parents est enseignant, a décidé d’aller en cour pour débattre d’une poursuite de 12 000 $.
L’automne dernier, trois ans après les faits, un juge a donné raison à monsieur Alexandre et a condamné la famille du jeune qui avait 16 ans lors des événements à lui payer mille dollars. Durant le procès, un des parents a admis avoir dépensé 12 000 $ en frais d’avocat.
Ça a coûté cher, se désole monsieur Alexandre.
«Trop cher alors que cela aurait pu se régler avant, comme les autres élèves, à une fraction de ça. Je ne comprends pas pourquoi c’est allé jusque-là.»
Lorsqu’on lui demande ce qu’il ferait si c’était à refaire, il répond que oui.
«Je ferais la même chose. À l’école, tu envoies promener un prof, tu le suspends, il y a une retenue. Mais là, ça dépasse ce qui se passe dans les murs. Et ça, je trouvais ça inacceptable», dit-il.
Courage
Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, a tenu à saluer son courage. «Trop peu d’enseignants portent plainte pour dire “c’est assez”. Bien souvent ils n’ont pas le soutien des directions comme ça a été le cas avec monsieur Alexandre.»