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Des loyers doublés après des dizaines d'évictions à Drummondville

Un investisseur immobilier de Drummondville qui a évincé une quarantaine de locataires sous prétexte qu’il voulait construire des condos a finalement décidé de continuer à louer les maisons en augmentant considérablement le loyer. 

«On nous a dit qu’on était évincés parce qu’ils voulaient faire des condos, et aujourd’hui, il n’y a aucun condo de fait, mais ils ont doublé les prix des loyers», déplore Thérèse Raymond, qui vivait depuis 26 ans dans son 6 1/2 situé sur la rue Fugère à Drummondville, dans le Centre-du-Québec.

Le 25 avril 2022, après avoir subi une opération chirurgicale, la locataire de 81 ans, au moment des faits, a reçu une lettre annonçant l’achat de son logement par Jean-François Houle.

«Les condos seront vendus à l’unité, vous pouvez déménager quand vous voulez, car nous allons entreprendre des rénovations majeures. (Date limite 31 juillet)», est-il indiqué dans la missive.

Pour Mme Raymond, qui a quitté en juillet 2022, il ne faisait aucun doute que le nouveau propriétaire voulait la mettre dehors pour augmenter son loyer qui s’élevait à 610 $ par mois.

Maisons en rangées Drummondville

Photo Martin Chevalier

«Je suis repassée et je sais qu’il n’a pas fait de condo comme il le disait. En plus, on voit des annonces pour les logements qui sont affichés à 1210 $», dénonce l’octogénaire.

Isabelle Brochu vivait de son côté sur la rue Villemure. Ayant des problèmes de vermines et d’inondations dans son logement pendant plusieurs mois sans réparation par son propriétaire, elle a décidé de partir.

«Moi je payais 750 $ par mois et quelques semaines après mon départ, j’ai vu qu’il avait augmenté le prix de 400 $ sans même faire de réparation», explique celle qui connaît plusieurs personnes qui ont aussi quitté après l’achat de M. Houle.

Sur les réseaux sociaux, Le Journal a en effet pu constater que plusieurs des logements étaient à louer autour de 1200 $, voir même 1500 $.

  • Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville, au sujet de l'épisode de croissance que vit sa ville, sur QUB radio : 

Maigre compensation

Ne voulant pas vivre trop de stress en se battant pour rester chez elle, Mme Raymond a, comme plusieurs de ses voisins, accepté une mince somme d’argent en guise de dédommagement pour quitter.

«Il m’a donné un mois de loyer et 700 $ pour le déménagement», explique-t-elle.

Photo Martin Chevalier

Une autre locataire avait reçu une offre de 1000 $ pour quitter son logement, affirme Action Location Drummond, organisme qui défend le droit des locataires de la municipalité, qui avait été contacté par la résidente. Aucun autre locataire n’a rejoint le comité logement pour cette affaire.

«Souvent, les gens ne connaissent pas leurs droits ou ne connaissent pas l’organisme, alors ils se font avoir par leur propriétaire et acceptent de l’argent pour partir, alors qu’ils sont en droit de rester dans leur logement», soutient Mélanie Gamelin, qui travaille pour Action Location Drummond. 

  • Écoutez l'entrevue de Yasmine Abdelfadel avec Mélanie Gamelin, adjointe administrative chez Action Location Drummond et intervenante en droit des locataires sur QUB radio : 

Des dizaines de propriétés

Jean-François Houle semble avoir mis la main sur des dizaines de propriétés dans les deux dernières années, principalement à Drummondville. Il serait encore propriétaire d’au moins dix propriétés à logement et en aurait vendu au moins seize autres entre 2021 et 2022.

Pour un ancien employé de M. Houle, il n’est pas étonnant que le propriétaire n’ait pas transformé les unités de logement en condos comme il l’avait annoncé aux résidents.

«Je n’aimais pas la façon dont il travaillait, ce n’était pas honnête. Il mettait mon nom, il m’utilisait comme bouclier pour ne pas gérer les plaintes de locataires qu’il mettait dehors et c’est moi qui devais tout gérer», regrette celui qui a demandé à taire son identité par crainte de représailles.

Contacté par Le Journal de Montréal, Jean-François Houle n’a pas répondu ni retourné nos nombreux appels.

– avec Nicolas Brasseur, Agence QMI

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