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Fillette poignardée à mort de 80 coups de couteau: sa mère plaide coupable à une accusation réduite

Une mère qui a tué sa fillette de 6 ans de 80 coups de couteau après avoir ingéré un cocktail de cannabis, de GHB et d’antipsychotique a coupé court à son procès pour meurtre, en plaidant coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire.

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«J’ai tué ma fille. Je sais que j’ai fait la pire chose au monde», avait lancé Stéphanie Brossoit, peu après son arrestation en juillet 2020 devant sa résidence du quartier Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

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Le procès de la femme de 39 ans, accusée de meurtre au deuxième degré, devait débuter ce lundi au palais de justice de Montréal. Mais à la place, dans une salle remplie de proches de la petite Maélie Brossoit-Nogueira, l'accusée a plutôt plaidé coupable d’homicide involontaire, évitant ainsi le risque d’écoper de la prison à vie.

Photo courtoisie

Consommation de drogue

Selon le résumé des faits, Brossoit partageait la garde de la petite avec le père de celle-ci. Or, si l’accusée consommait de la drogue et que la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) avait lancé une enquête, la femme avait pu continuer à s’occuper de son enfant.

«La DPJ a fermé le dossier en concluant qu’il n’y avait pas de risque pour Maélie», indique le résumé des faits.

Brossoit, qui était incapable d’arrêter de consommer, a donc continué dans les jours précédant l’homicide. Avant de reprendre la garde de sa fille, elle n’avait «pratiquement [pas] dormi depuis plusieurs jours», a indiqué Me Simon Lapierre de la Couronne, pendant que l’accusée tremblait en essuyant ses larmes.

Photo fournie par la famille de la victime Maélie Brossoit-Nogueira

«Afin d’être en mesure de faire sa journée, l’accusée a consommé le matin un comprimé de speed», précise le document de cour.

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«Je vais mourir»

Disant craindre de ne pas pouvoir dormir ce soir-là, Brossoit avait ensuite consommé du GHB, du cannabis et un comprimé de Seroquel. C’est là qu’elle a fait une psychose.

«Au courant de la nuit, l’accusée s’est réveillée dans un état de confusion, se sentant coincée dans une autre dimension, indique le résumé des faits. Elle se sentait entre la vie et la mort. Ses pensées lui disaient qu’elle devait donner des coups de couteau à son enfant pour la sauver.»

Selon l’analyse de la scène de crime, l’attaque a commencé dans la chambre de l’accusée. Armée de deux couteaux, elle aurait suivi son enfant dans d’autres endroits du logement, jusqu’à ce que la petite se réfugie dans la salle de bain.

Photo fournie par la famille de la victime Maélie Brossoit-Nogueira

«Je vais mourir», avait lancé l’enfant de 6 ans assez fort pour qu’un voisin entende ces dernières paroles.

Car pratiquement au même moment, Brossoit a défoncé la porte pour achever sa fille.

«L’autopsie de la jeune victime révèle la présence de 80 plaies causées par des couteaux», a indiqué Me Lapierre.

Psychose

Alertée par un voisin, la police n’a pas mis de temps à arriver sur les lieux. Mais il était déjà trop tard: Brossoit était en train de sortir en criant à l’aide.

«Vite! Vite! Aidez-moi! Aidez-moi, je suis en psychose!» a alors crié l’accusée.

Lors de son transport à l’hôpital, Brossoit a fait de nombreuses déclarations, en répétant à maintes reprises qu’elle avait tué sa fille.

Pour Mes Elfriede Duclervil et Roxane Sicotte de la défense, Brossoit avait de bonnes chances d’être acquittée en plaidant l’intoxication extrême, car ce moyen de défense était toujours possible au moment où le drame avait été commis. Mais comme l’accusée voulait absolument éviter un procès, elle a plutôt accepté l’offre de la Couronne.

Une suggestion commune devrait être présentée lors des plaidoiries sur la peine le 23 mars prochain.

Proches choqués

Selon nos informations, elle devrait écoper d’environ 10 années d’incarcération, mais pour la tante, ce ne sera jamais assez.

«Ça n’a aucun sens que des parents tuent leurs enfants et qu’ils s’en sortent avec une peine réduite, a lancé la tante de Maélie, Manuela Pires. Pis nous là-dedans? Nous, les victimes... Ça a détruit ma vie.»

La grand-mère de l’enfant, Eugenia Augusto, s’est pour sa part remémoré que le matin du drame, elle voulait garder sa petite-fille. Mais comme Brossoit avait insisté, elle avait emmené l’enfant chez elle, en compagnie du père.

Photo Michaël Nguyen

«J’ai demandé un bisou, Maélie m’a dit "tu viens me chercher" et elle a fait un petit cœur à son papa», a-t-elle relaté.

Le père de la victime, Steve Augusto-Nogueira, était présent dans la salle d’audience. Les yeux pleins de larmes, il n’a pas souhaité commenter le dossier pour le moment. Il a toutefois demandé à la cour de lever l’interdit de communication sur l’identité de sa fille, ce que le juge Yvan Poulin de la Cour supérieure du Québec a accepté.

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