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Il reconnait avoir tué et brûlé sa conjointe, sur le crack

L’homme qui a reconnu hier avoir tué sa conjointe avant de la brûler durant l’un de ses nombreux délires causés par le crack, l’an dernier, aurait dû être incarcéré plus tôt, selon la fille de la victime, sa mère et lui-même.

« Les interventions et hospitalisations se soldaient toujours par le retour de Pascal à la maison », a déploré Alexandra, la fille de Louise Avon, dans une lettre lue hier à la cour, au palais de justice de Saint-Jérôme.

« J’aurais aimé ça que quelqu’un vienne en aide à ma mère », a-t-elle poursuivi.

Deux jours à peine avant le meurtre de la dame de 64 ans, son conjoint Pascal Arseneault, 49 ans à l’époque, avait dû être maîtrisé par des policiers à l’aide d’un pistolet taser, tellement son comportement était dangereux.

Pourtant, malgré une douzaine d’interventions policières dans les six mois qui ont précédé le drame, Arseneault n’a jamais été détenu après ses arrestations.

Hier, l’homme qui a aujourd’hui 50 ans a plaidé coupable à une accusation d’homicide involontaire de Mme Avon, à Sainte-Agathe-des-Monts, là où ses délires ont atteint leur paroxysme, le 31 mars dernier.

Ce soir-là, Arseneault a poignardé neuf fois sa conjointe des 12 dernières années, avant de mettre le feu à la maison et sortir.

Il se prenait pour un ninja

Les policiers l’ont trouvé couché dans la neige, regardant le brasier, couteau en main. Il a déclaré qu’il croyait être un ninja, et que sa conjointe était un robot. Il avait près de 16 g de crack dans les poches et en avait consommé une importante quantité.

Pour cette raison, les procureurs ont convenu que son état le rendait incapable de formuler une intention de tuer.

Cela faisait alors plusieurs mois que le copropriétaire de la compagnie d’aménagement paysager Les Pas Verts du Nord était en rechute de consommation de crack.

Celui-ci se parlait seul, faisait des katas de karaté, se promenait avec des bâtons dans les rue, détruisait l’intérieur de la maison. Il avait été hospitalisé huit fois.

Aucunes des infractions répétées ne visaient toutefois directement sa conjointe.

Bien qu’il ait reconnu la responsabilité de ses gestes hier, Arseneault a blâmé le travail des policiers, qu’il tient responsables de ne pas l’avoir gardé détenu alors qu’il était en « psychose ».

« Au lieu de m’aider, on m’a ridiculisé et maltraité », a-t-il écrit, dans une lettre adressée à la famille de la victime, dans laquelle il a évoqué éprouver des regrets.

Drogue rendue

Il y affirme notamment que les policiers ont manqué à leur devoir.

« Pendant ces mois [de délires], monsieur était libéré et même, parfois, il me disait que sa propre consommation lui était redonnée à sa sortie d’hôpital », a souligné son avocate Me Marie-Eve Duplessis.

« Le corps policier l'a toujours relâché dans la nature. Il y a certainement matière à négligence » a également commenté Chantal Turbide, la mère de l’accusé, dans une autre lettre lue devant le tribunal. 

La fille de la victime a plutôt exprimé conserver l’image d’un homme « qui refusait de se prendre en mains », en l’accusé.

« Pascal a fait le choix de continuer sa descente aux enfers, et ma mère en a subi les conséquences », a-t-elle écrit.

Les procureurs ont soumis une suggestion commune de 8 ans de prison au juge Sylvain Lépine. Il prononcera la sentence en mai prochain.

Interventions avant le meurtre

  • 14 octobre 2021 : Dans un dépanneur, Arseneault était armé d’un bâton de bois de 2 m. Il s’est enfui dans une voiture. Il a dû être «tasé» et aspergé de poivre de cayenne.
  • 24 octobre 2021 : Des voisins ont alerté la police qu’il avait le torse nu à l’extérieur. Il vénérait le soleil à l’aide de chants. Il a passé la nuit à combattre les ombres et à détruire des choses dans sa maison. Armé d’un couteau, il se prenait pour un ninja.
  • 3 novembre 2021 : Il a été arrêté au volant avec les facultés affaiblies par la drogue.
  • 5 décembre 2021 : Un voisin a appelé le 911, car Arseneault tenait un long bâton et frappait partout dans sa demeure. Il était très peu vêtu, alors qu’il faisait -10.
  • 2 janvier 2022 : Il avait des hallucinations alors qu’il n’avait pas dormi depuis deux jours. Il voyait des ombrages et s’était barricadé dans le sous-sol armé de deux haches.
  • 6 janvier 2022 : Un employé de commerce appelle les autorités, car Arsenault voulait charger son cellulaire, agissait drôlement, se parlait seul et tenait un discours incohérent.
  • 28 janvier 2022 : Deux appels ont été effectués dans la journée. Il a été trouvé grimpé sur un poteau luminaire. Il disait vouloir admirer la belle vue de Sainte-Agathe.
  • 29 janvier 2022 : Il chantait, criait et faisait des gestes anormaux à un hôtel Super 8. Il s’est dévêtu et n’avait pas de manteau. Il faisait alors -38.
  • 11 mars 2022 : Il était en crise à l’extérieur de chez lui, sans chandail ni souliers, en pleine tempête de neige, avec deux bâtons dans les mains. Il a dit qu’il chassait des créatures, des loups et des humains qui voulaient s’en prendre à lui. Il se prenait pour un viking.
  • 15 mars 2022 : Il a appelé la police, car il voulait un transport pour aller dans un motel. Il avait dit avoir consommé du crack.
  • 16 mars 2022 : Il se promenait en criant avec un bol de toilette dans les mains. Il s’est caché avec un bâton de baseball avec des clous. Il a encore dû être «tasé» et aspergé de poivre de cayenne.
  • 29 mars 2022 : Il a dit ne pas avoir dormi depuis deux jours et avoir consommé. Il brisait tout dans sa résidence en manipulant des bâtons. Il n’avait pas de chandail. Il a dû être «tasé» à nouveau.
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