Un père et sa fille de Trois-Rivières ont été privés pendant une semaine de leur seul véhicule, coincé à la fourrière, parce que les problèmes à la SAAQ ont fait disparaître le paiement de sa plaque.
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«C’est sûr que c’est absurde. J’ai 46 ans et j’ai toujours payé mes plaques à temps, et je n’ai jamais perdu mes points d’inaptitude», dénonce Jonathan Bolduc, 46 ans.
Tracy, sa fille de 18 ans avec qui il partage une voiture, a été impliquée dans un accident mineur le 27 février.

Photo fournie par Jonathan Bolduc
Jonathan Bolduc, 46 ans, originaire de Trois-Rivières, a vu son véhicule passer une semaine à la fourrière parce que les problèmes informatiques de la SAAQ ont poussé les policiers à croire qu'il n'avait pas fait immatriculer sa voiture.
Lorsque les policiers ont vérifié l’immatriculation de leur véhicule, ils ont décidé que celui-ci devait prendre le chemin de la fourrière plutôt que celui du garage.
«Ils ont dit que son auto n’a pas le droit de circuler parce qu’il n’est pas plaqué», raconte M. Bolduc.
Pourtant, ce dernier avait bel et bien payé l’immatriculation de son véhicule le 31 janvier dernier. Il a tenté de montrer une preuve de la transaction aux policiers, mais en vain.
Obligé de payer une deuxième fois
M. Bolduc s’est rendu au poste de police, où on lui a à nouveau expliqué que ses preuves de paiement ne suffisaient pas pour sortir son véhicule de la fourrière.
Il s’est ensuite tourné vers la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), où règne le chaos depuis le lancement de la plateforme SAAQclic il y a deux semaines.
«Pendant deux jours, j’ai essayé de les rejoindre au téléphone, explique-t-il. Finalement, j’ai réussi mardi vers 16 h.»
«La fille était super fine, poursuit M. Bolduc. Je lui explique le problème et elle m’a dit: “C’est bien plate, mais il va falloir que tu te présentes à la SAAQ et que tu leur demandes un papier comme quoi ton auto est payée pour la sortir de la fourrière.”»
Le Trifluvien n’a eu d’autre choix que d’aller se mettre au bout d’une longue file d’attente, alors que les points de service de la SAAQ sont submergés de demandes.
Après avoir abandonné une première fois – car il y avait trop d’attente à son arrivée –, il est retourné le lendemain et a attendu plus de deux heures.
«Ils me disent: “On ne peut rien faire. Ton auto n’est pas dans le dossier et ça peut prendre un mois encore avant que ça rentre dans le système.”»
L’option la plus rapide était donc de payer pour une nouvelle plaque. «Je n’ai pas eu le choix ben ben! Mon auto est à la fourrière!»
C’est seulement hier, soit une semaine plus tard, que le père et sa fille ont pu récupérer leur voiture.
«Ma fille n’a pas pu travailler de la fin de semaine à cause de ça», déplore M. Bolduc, qui a pour sa part dû manquer un cours de trois heures au cégep pour faire les démarches auprès de la SAAQ.
Près de 1000$ en frais
En plus de recevoir une amende de 500$, M. Bolduc a dû payer des frais de 150$ à la fourrière et des frais de 250$ pour sa nouvelle immatriculation.
«J’ai passé la semaine à gosser avec ça et ça m’a coûté cher», déplore M. Bolduc.
La semaine dernière, en commentant un cas semblable, la SAAQ avait expliqué au Journal que les citoyens qui doivent payer en raison des ratés informatiques récents de la SAAQ seraient remboursés s’ils en font la demande.
S’il louange la courtoisie des employés auxquels il a parlé, M. Bolduc ne mâche pas ses mots quant aux décideurs qui ont planifié le lancement de SAAQclic.
«J’ai l’impression que le gouvernement ne paie pas les bonnes personnes aux bonnes places, exprime-t-il. Le gars qui s’est occupé du système [SAAQclic] n’était clairement pas assez compétent.»
Elle conduit illégalement
À la succursale de la Place Dupuis, dans le centre-ville de Montréal, certains usagers attendaient depuis près de 2 h lors du passage du Journal mardi.
« Je suis arrivée à 8 h 30 en espérant pouvoir passer. Ça fait trois jours que je viens et que je ne suis pas capable de voir quelqu’un », affirme Samuelle Gamboa, 34 ans, qui patientait en ligne avec une trentaine de personnes.
Cette dernière essaie tant bien que mal de prendre un rendez-vous depuis le 28 février pour renouveler son permis de conduire.
« Je suis rendue dans l’illégalité, mais je n’ai pas le choix de conduire parce que j’ai la cheville cassée et je ne peux pas me déplacer à pied », explique-t-elle. – Clara Loiseau
En congé pour passer

Photo Clara Loiseau
Bill Venieris (à gauche) et Mohamed Ali Araqi tentaient ce mardi de parler à un préposé de la SAAQ à la Place Dupuis, à Montréal.
Mohamed Ali Araqi est un chauffeur Uber de 26 ans qui n’a pas eu le choix de prendre congé mardi pour attendre toute la journée à la SAAQ de la Place Dupuis.
« C’est impossible de prendre un rendez-vous en ligne ou même d’avoir quelqu’un au téléphone, c’est déplorable. Je n’ai pas le choix de passer ma journée ici sinon je risque une grosse contravention », déplore celui qui a besoin de son permis de conduire pour travailler.
– Clara Loiseau
Tranquille hors de Montréal
Sur la Rive-Sud de Montréal, les succursales de Longueuil et de Belœil n’étaient pas particulièrement achalandées, mardi. Les clients croisés à la sortie avaient réussi à prendre rendez-vous en ligne dans un délai raisonnable, et plusieurs conducteurs sans rendez-vous étaient aussi servis.
À Québec, il n’y avait aucune file d’attente à l’extérieur, mardi, devant les deux points de services principaux de la SAAQ.
– Le Journal
Un trois pour un...

Photo fournie par Carl Létourneau
Le bordel est tel que des clients comme Carl Létourneau ont reçu trois plaques d’immatriculation au lieu d’une.
Les déboires de la SAAQ se ressentent jusque dans l’envoi des plaques d’immatriculation chez les usagers, alors que certains en reçoivent trois plutôt qu’une.
Carl Létourneau, un résident de Prévost, dans les Laurentides, a eu toute une surprise lorsqu’il est allé au bureau de Poste Canada. C’est qu’il a reçu deux plaques en plus de celle qui est destinée à son nouveau véhicule acheté quelques semaines plus tôt.
« Soit il y a des gens quelque part qui ne recevront pas la leur, soit la SAAQ va m’en charger trois », se désole-t-il.
– Clara Loiseau