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Qualité de l’air: une autre école en chantier sur le bord d’une autoroute

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Québec est en train de construire une école flambant neuve entre une autoroute, une carrière et un terminal pétrolier à Montréal, ce qui fait craindre pour l’air que respireront les élèves.

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Photo tirée de Google Earth

La future école secondaire d’Anjou, qui doit accueillir 1900 élèves à partir de 2024, est située à peine à 200 mètres de l’autoroute métropolitaine, où circulent près de 100 000 véhicules chaque jour. 

« Avoir des bâtiments à proximité d’un axe routier aussi important, ce n’est vraiment pas idéal, affirme Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME). Nos enfants ont besoin d’un air sain. On sait que c’est associé à de meilleures performances scolaires. » 

Un centre d’éducation aux adultes sera aussi construit juste à côté, encore plus près des voies rapides.  

  • Via QUB radio, Suzanne Chartrand du projet Parlons éducation s'entretient avec Richard Martineau :

Pollution en continu

« Quand on regarde les données scientifiques, le pire de la pollution liée aux autoroutes c’est dans un rayon de 300 à 500 mètres », rappelle la Dre Pétrin-Desrosiers, qui précise que la pollution y est présente « en permanence ». 

En raison des nombreux effets de la pollution sur la santé (voir ci-bas), son association demande que la construction d’écoles soit interdite dans un rayon de 300 mètres de voies rapides.  

Le ministère de l’Éducation et les centres de services scolaires ne semblent pas être du même avis.

La semaine dernière, Le Journal révélait qu’une école primaire était en construction à 80 mètres d’une autoroute, à Beauport, près de Québec.  

L’école d’Anjou est construite sur un ancien terrain contaminé. De plus, elle est située à moins de 500 mètres de la carrière de calcaire de Lafarge et à moins d’un kilomètre du terminal de produits pétroliers de Shell, à Montréal-Est.  

Ces deux industries relâchent dans l’air, chaque année, des tonnes de particules fines et de composés organiques volatils, révélait notre Bureau d’enquête il y a 10 jours. 

Le Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île n’a pas répondu à nos demandes pour savoir pourquoi il avait choisi ce terrain.

Réticences

Il y a deux ans, Lafarge avait exprimé des réticences au projet d’école en raison du lourd trafic routier en lien avec sa carrière et pour des raisons de sécurité.  

« Nous sommes satisfaits des mesures prises pour prendre en considération nos activités, comme la construction d’une clôture plus haute », affirme aujourd’hui Stéphane Caron, Directeur général de l’entreprise dans la division granulats pour le grand Montréal et l’est de l’Ontario.

Il souligne que le cimentier respecte « les exigences fixées par les autorités ». 

La Dre Pétrin-Desrosiers juge qu’il est plus difficile d’évaluer l’impact qu’auront ces industries sur l’air que respireront les jeunes, en raison notamment du vent et des horaires des activités industrielles.  

Cependant, elle rappelle qu’il n’existe « aucun seuil sécuritaire d’exposition à des particules fines ».  

La pollution très néfaste pour la santé 

Les effets de la pollution sur la santé, dont le transport routier est un des principaux émetteurs, sont bien documentés, souligne la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers. 

Des problèmes respiratoires, comme l’asthme, sont évidemment causés par la mauvaise qualité de l’air, mais le cœur, le cerveau et même la santé mentale peuvent être affectés à long terme.  

Pas moins de 1000 Montréalais décèdent chaque année des conséquences de la pollution de l’air, et « ce ne sont pas que des personnes âgées », affirme-t-elle. 

Nocif pour tous les organes

« La pollution c’est nocif pour à peu près tous les organes du corps, mais on sait que les enfants ont une fragilité plus importante », illustre-t-elle.  

Bien que leur développement neurocognitif soit plus avancé, les adolescents risquent tout de même de développer des problèmes de santé variés en lien avec l’exposition chronique à la pollution, explique la docteure. 

La réussite scolaire affectée 

L’experte croit que les enfants doivent respirer un air sain à l’intérieur et à l’extérieur de leur école pour favoriser la réussite scolaire.  

« Une école collée sur une autoroute ne remplira jamais ces critères d’accès à un air sain. [Les jeunes] vont se rendre à l’école le matin, jouer dehors, aller dans la cour d’école... et on ne peut pas filtrer l’air extérieur », rappelle-t-elle. 

L’école d’Anjou en bref  

La future école d’Anjou, à Montréal, est à moins de 200 mètres de l’autoroute, à 500 mètres d’une carrière et à un kilomètre d’un terminal pétrolier.

Photo Pierre-Paul Poulin

La future école d’Anjou, à Montréal, est à moins de 200 mètres de l’autoroute, à 500 mètres d’une carrière et à un kilomètre d’un terminal pétrolier.

  • En chantier depuis 2021 
  • Ouverture prévue à la rentrée 2024 
  • 1900 élèves 
  • Coûts de 207 M$

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