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Psychologues du réseau public: arrêtez l’hémorragie!

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Nous sommes plusieurs centaines de psychologues qui ont quitté le réseau public par dépit. Les données montrent qu’en 2022, 5 fois plus de psychologues ont quitté comparativement à l'année précédente. Cet exode spécifique aux psychologues du réseau public est notamment relié au manque de respect envers leurs droits et leur profession. 

Malheureusement, cette hémorragie entraîne une perte d’expertise dans le réseau public et des délais d'attente de 6 à 24 mois pour voir une psychologue, comparativement à quelques semaines dans le secteur privé.

À maintes reprises dans les derniers jours, le gouvernement souffle un vent de changement. La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, propose des forums afin d'offrir une hausse salariale aux psychologues pour améliorer l'accès à leur expertise pour la population. Le gouvernement voit l’importance d'avoir des psychologues dans le réseau public. Merci!

Rien à gagner?

Toutefois, le syndicat représentant la majorité des psychologues refuse de participer à ces discussions et M. Comeau, président de l’APTS, rajoute: « Les problèmes de rétention de main-d’œuvre et de pénurie touchent tous nos membres. Mais eux, ils veulent juste régler les psychologues. Ils ne parlent pas des centres jeunesse {dont les employés sont représentés par l’APTS}, où les problèmes sont criants. L’argent qu’ils proposent de mettre dans les forums, il n’y en aura plus après pour les autres, ce n’est que pour leurs priorités, on n’a rien à gagner là-dedans » (extrait de l’article de La Presse « Les syndicats disent non à la pépine », paru le 1er mars 2023).

Comment ça « rien à gagner »? Pourquoi M. Comeau tient ces propos alors qu'il est supposé se battre pour ses membres psychologues? N’est-ce pas de la négligence envers la population qui demande un accès amélioré aux psychologues? La population québécoise ne serait-elle pas avantagée si les psychologues étaient incités à rester ou à retourner dans le réseau public? Même que le Québec sauverait beaucoup d’argent, tel que démontré par la Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ).

Puisque les psychologues représentent seulement 3% des employés défendus par leurs syndicats, ces derniers ne veulent pas d’un salaire différencié pour eux. Pendant ce temps, la pénurie de psychologues dans le réseau public s’accentue et se démarque des autres employés du secteur psychosocial. Par conséquent, les listes d’attentes pour voir un psychologue dans les hôpitaux, les CLSCs, à la DPJ et dans les écoles augmentent. Les problèmes psychologiques se chronicisent et se complexifient.

Bris de confiance

Tout au long de notre carrière comme psychologues du réseau, nos droits de représentation n’ont pas été respectés. Nous avons interpellé nos syndicats à maintes reprises pour que ces derniers fassent des demandes afin que nous obtenions un salaire respectueux, mais en vain. Malgré ce manque flagrant de représentation, nous devions tout de même payer des cotisations syndicales d’environ 1500$ par année.

Le bris de confiance envers les syndicats censés représenter les psychologues vient d’atteindre un autre niveau et est irréparable.

Nous sommes de tout cœur avec la CPRPQ dont les membres du conseil d’administration travaillent de façon bénévole depuis 4 ans. Ils ont bien expliqué qu’en raison de l’obligation des psychologues à compléter un doctorat, formation essentielle et maintenant légalement requise pour détenir le titre de psychologue, évaluer et traiter les troubles mentaux, les psychologues arrivent sur le marché du travail 5 à 6 ans après leurs collègues détenteurs d’un baccalauréat. De surcroît, les psychologues accumulent environ 300 000$ de moins au terme de leur carrière et prennent leur retraite beaucoup plus tard que leurs collègues bacheliers qui travaillent dans le réseau. Quelle injustice!

Libérons les psychologues de la structure syndicale actuelle et donnons-leur une voix afin qu'ils puissent aider les québécois et rester dans le réseau. Permettons-leur de former un syndicat de psychologues rapidement afin qu’ils puissent négocier directement avec le Conseil du trésor. Pour ce faire, il faut modifier une loi.

Monsieur Legault, nous comptons sur vous pour proposer un changement de loi et arrêter l’hémorragie. Pour être en mesure de traiter les gens, les psychologues doivent avant tout être respectés.

Dre Kelly Ann Cartwright, Psy D, psychologue

Et 107 autres psychologues co-signataires

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