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Hockey: misons moins sur la performance et plus sur le développement humain

aréna Fleury / Étienne Laberge 24 H

Photo d'archives

Avec les événements récents dans le milieu du hockey, il est peut-être temps d’apporter une réflexion sur ce sport. On fait quoi avec le hockey: du dressage ou une activité humaine de développement?  

Les jeunes joueurs sont parfois traités comme des professionnels quand on regarde actuellement la LHJMQ qui dispute beaucoup de matchs en peu de jours sur de grandes distances. Du côté de Hockey Canada, ce n’est guère mieux avec la Coupe Telus faisant jouer des jeunes de 15-16 et 17 ans sept matchs en sept jours.  

Le premier ministre du Québec a demandé un rapport pour augmenter le nombre de Québécois dans la LNH. On retrouve dans ce comité plusieurs représentants ou anciens de la LHJMQ qui ne voient pas, ou par mesure de protection, ne veulent pas s’attarder aux lacunes de ce milieu. 

Place à l’humain 

Il y a des entraîneurs qui oublient souvent qu’ils font face à un être humain en évolution et qui bien souvent perçoivent le participant comme un athlète-machine-production. Le sport, c’est une activité humaine qui ne peut être pratiquée de n’importe quelle façon. Aucune performance, aucune médaille, aucun trophée, aucune victoire ne peut valoir la santé psychophysiologique des participants et entraîner la détérioration de leur développement. 

Le sport et la compétition sont les plus beaux et plus grands moyens afin d’éduquer et développer entièrement un jeune. Il s’agit, en fait, d’une des rares activités humaines où l’on peut toucher le développement de plusieurs facettes d’un même individu. Les intervenants ne devraient-ils pas viser l’évolution des habiletés, des attitudes et du potentiel de chacun tout en respectant leur personnalité et leur individualité? 

Celui qui s’adonne au hockey est un jeune qui assimile des valeurs et qui est influencé par tout son environnement. Le docteur Steve Norris, directeur des sports, de physiologie et de la planification stratégique au Centre canadien multisports de Calgary a bien indiqué lors du sommet sur le hockey à Montréal en août 2011: «Le jeune sportif n’est pas un adulte en miniature.»  

Performance 

Dans divers milieux du hockey, certains intervenants obsédés par la victoire et le gain à tout prix mettent trop de pression sur l’athlète alors considéré comme une machine de performance. Par leurs abus de pression, d’agression, d’irrespect et d’intimidation, ces personnes font preuve d’un manque d’éthique. Ils sont en voie d’altérer les valeurs positives de cette activité et de l’institutionnaliser comme un moyen d’aliénation et de «détérioration» de la personne. 

La mission des organisations ne devrait être orientée vers le développement des habiletés, le développement du plaisir, le développement de la réussite scolaire, le développement de l’individu et le développement d’un encadrement de qualité. Le sport représente chez les jeunes une opportunité d’éducation, de croissance et d’assimilation d’attitudes saines. Malheureusement, il arrive que la destinée de certains est trop tôt entre les mains d’«hommes d’affaires» du junior majeur, où l’objectif semble être le spectacle et la production à des fins de bénéfice financier avant le développement dans tous ses sens. 

Il importe qu’un leadership soit pratiqué avec une volonté de changement et d’évolution. Comme l’ont mentionné le docteur Steve Norris et le docteur Georges Larivière de l’Université de Montréal lors du sommet sur le hockey à Montréal en août 2011: «Les organisations doivent se remettre en cause, c’est un processus sain. Cela assure la progression.» 

Selon les calculs déjà récoltés par le journaliste Martin Leclerc, un jeune débutant au hockey au Québec aurait 0.036% de chance d’évoluer dans la LNH. Alors que deviennent ceux qui ne s’y rendent pas et à qui on avait monté un rêve? Les organisations devraient avoir pour but, non seulement de faire en sorte qu’il y ait plus de Québécois dans la LNH, mais aussi de s’en servir comme moyen de croissance des jeunes sur le plan physique, scolaire, social, affectif, intellectuel, moral, éthique et en fait, humain, tout en respectant leurs caractéristiques, leur identité et leur individualité.  

La meilleure solution pour assurer le développement du hockey au Québec de façon la plus efficace dans un milieu sécure et salutaire est de remettre le contrôle de ce sport dans les milieux scolaires, collégiaux et universitaires comme il en est pour le football et d’autres sports.  

Ainsi, dans un tel contexte, les objectifs et les moyens pour les réaliser grâce à un encadrement approprié pourront faire en sorte qu’il y ait plus de Québécois dans la LNH. Voyons le hockey comme une activité qui amène à développer des êtres humains, des carriéristes et de bons citoyens.  

Photo fournie par Jacques Émond

Jacques Emond, Maîtrise en éducation et études à la Maîtrise en éthique 

55 ans d’implication dans le sport et le hockey 

Membre et rédacteur du Rapport Thérien sur le hockey mineur au Québec 

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