L’exposition à long terme aux particules fines a des impacts « considérables » sur la santé des résidents de Québec, en particulier pour les citoyens de Limoilou, de Vanier et de la Basse-Ville (LVBV), conclut la très attendue étude du CIUSS de la Capitale-Nationale.
Il s’agit-là de la principale conclusion du rapport Mon environnement, ma santé (MEMS) dévoilée, lundi matin, en point de presse.
«Les particules fines dans l’air extérieur ont des impacts partout dans la ville de Québec, mais certains secteurs sont plus exposés: la Basse-Ville (en particulier les quartier Saint-Sauveur et Saint-Roch), le secteur de la station Vieux-Limoilou et un secteur de Sainte-Foy (Champigny)», y affirme-t-on.
On calcule que l’exposition aux particules fines dans LVBV contribue chaque année au développement de l’asthme chez 20 enfants (24% des nouveaux cas) et au décès prématuré de 33 adultes à cause d’une maladie cardiaque ischémique (20% des décès prématurés de cette cause).
«Ça demeure assez considérable», a soutenu le Dr Philippe Robert, médecin en santé publique en traçant un parallèle entre les particules fines et les effets du tabagisme.
Part significative
Selon le Dr André Dontigny, directeur de la santé publique du CIUSS de la Capitale-Nationale, «l’exposition à long terme aux particules fines contribuerait à une part significative des problèmes de santé cardiovasculaire et respiratoire des résidents des quartiers LVBV, et des résidents de la ville de Québec en général».
De façon plus générale, on rappelle que Santé Canada estime que les particules fines contribuent au décès de 270 personnes, chaque année, à la ville de Québec. « Même si ça s’améliore depuis quelques années, ça demeure préoccupant pour la santé publique », a ajouté le Dr Robert.
Dans toutes les stations de Québec, on note d’ailleurs que les concentrations moyennes dépassent systématiquement la recommandation de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé).
En hiver, les concentrations sont encore plus marquées.
«On pense que c’est en bonne partie (à cause) du chauffage au bois», a jugé le médecin Robert.
Réduire la circulation routière
Pour améliorer la situation, le rapport fait neuf recommandations. On note principalement l’accélération de la transition vers la mobilité durable et la réduction de la capacité routière et du volume de circulation traversant LVBV.
Le CIUSS suggère également l’adoption d’une réglementation bonifiée sur le chauffage au bois, l’augmentation des efforts de verdissement et de déminéralisation, la réduction des émissions des transports lourds, maritimes et ferroviaires notamment grâce à l’électrification.
Parmi les autres propositions, la réduction des émissions polluantes des secteurs industriels, commerciaux et institutionnels, l’atténuation des poussières émises par les travaux de construction et la mise en place de nouvelles mesures d’atténuation à la source pour éviter les épisodes de forte concentration journalière de nickel.
Nickel
Sur l’enjeu spécifique du nickel - dont l’augmentation des seuils permis de concentration a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois -, le rapport du CIUSS note que «les risques pour la santé causés par le nickel sont très faibles».
Cela dit, «même un risque faible n’est pas nécessairement acceptable lorsqu’il existe des moyens pour les réduire».
On note par ailleurs que l’exposition aux particulières grossières, aux métaux, au dioxyde de soufre (SO2) et au monoxyde de carbone (CO) «contribue vraisemblablement peu aux problèmes de santé dans LVBV».