Un pédophile qui avait publié des petites annonces de gardiennage avec sa conjointe dans le but d’agresser des enfants a plaidé coupable mardi à l’ensemble des chefs qui pesaient contre lui, notamment de production de porno juvénile sur une petite victime dont les parents étaient tombés dans les griffes du prédateur.
Guy Boutin a plaidé coupable mardi aux huit chefs d’accusation qui pesaient contre lui. L’homme a tout simplement laissé entendre un «oui» étouffé lorsque le juge Jean Asselin lui a demandé s’il reconnaissait les gestes qui lui sont reprochés.
Il était accusé de contacts sexuels sur une jeune fille mineure, de production et de possession de pornographie juvénile et de s’être entendu avec sa conjointe pour perpétrer des actes criminels, notamment des agressions sexuelles, qui n’ont finalement pas été commis.
Prédateurs
C’est vraiment le résumé d’une histoire d’horreur tordue qu’a fait en salle de cour le procureur de la couronne Louis-Philippe Desjardins. Les échanges retrouvés dans les cellulaires de Boutin et sa conjointe Julie Blackburn donnent froid dans le dos.

Photo courtoisie
Julie Blackburn
Sur quatre ans, dans des milliers de messages, le couple de pédophiles a échangé sur leurs fantasmes et leur plan d’offrir des services de gardiennage pour ensuite agresser de jeunes enfants. À l’hiver 2018, une famille tombe dans le sordide piège des prédateurs et une petite fille de 6 ans tombe dans la gueule du loup.
11 photos de l’enfant nue ont été retrouvées dans le téléphone de Boutin. Et pire encore, les échanges du couple laissent clairement comprendre que l’homme voulait abuser de l’enfant.
«Penses-tu qu’elle va t’écouter si c’est toi qui lui demandes de la mettre dans sa bouche», a été jusqu’à demander Guy Boutin.
D’ailleurs, les échanges démontrent bien la préméditation des gestes, le couple élaborant un plan pour «gagner la confiance de la victime, ne pas la brusquer pour pouvoir commettre des gestes sexuels», peut-on lire dans le résumé des faits déposés en preuve et qui précisent que le pédophile devait se rendre au domicile de la victime pendant l’absence des parents alors que sa conjointe gardait.
Guy Boutin a été jusqu’à suggérer à sa conjointe de donner de la médication à l’enfant pour «qu’elle dorme plus fort» et que Julie Blackburn puisse elle aussi l’agresser.
Identifié par «Tinder»
Le dossier a été ouvert quand les policiers ont eu la puce à l’oreille en janvier 2021 à la suite d’un signalement de l’application de rencontre «Tinder». Un utilisateur s’y affichait en disant être intéressé par «des filles entre 10 et 14 ans».
L’adresse courriel liée au compte a mené les policiers vers des annonces de gardiennage sur Kijiji. Un agent d’infiltration entre alors en contact avec Boutin en se faisant passer pour une mère cherchant une gardienne pour ses deux jeunes enfants.
La conversation entre le policier et l’accusé durera deux semaines lors desquelles la discussion prend rapidement une tangente singulière, la fausse mère de famille affirmant avoir «un amour particulier» pour ses filles, ce qui intéressera rapidement Guy Boutin.
L’homme de 50 ans tombe alors dans le panneau, invitant la mère à «tout lui raconter».
S’en suis une escalade de messages sexuels, Boutin demandant à la mère si elle a déjà caressé ses filles ou si elle peut lui envoyer des photos.
«L’accusé donnera de nombreux conseils à la mère sur comment amener ses filles à faire des gestes sexuels avec elle. [...] [Il] écris de nombreux messages qui laissent sous-entendre qu’il désire lui aussi pouvoir commettre des gestes sexuels sur les jeunes enfants, avec la mère, ou seul», a exposé Me Desjardins au tribunal.
C’est à la suite de ces échanges tordus que sera arrêté Guy Boutin, le 25 février 2021.
Agression sur une mineure
Dans un troisième dossier, Guy Boutin a également reconnu avoir agressé sexuellement une jeune fille mineure à au moins trois reprises.
Lors de l’un des événements, alors qu’elle n’avait que 10 ans, le pédophile s’est allongé à côté d’elle dans un lit, touchant le long de ses jambes jusqu’à remonter à sa vulve. Il a ensuite remonté les couvertures pour observer les parties intimes de la jeune victime, lui disant: «Tu aimes ça ma petite cochonne?»
Durant une autre agression, il s’est couché nu sous la jeune fille, qui était nue elle aussi, avant de frotter son pénis sur les parties de l’enfant.
Déjà coupable de contacts sexuels
Un rapport sexologique et un rapport présentenciel ont été demandés. Boutin reviendra devant le tribunal au cours de l’été pour déterminer la date des observations sur la peine.
Boutin avait également été reconnu coupable en février dernier dans un autre dossier où il était accusé d’agression sexuelle.
Les faits se sont déroulés dans les années 1990 sur la petite sœur d’une conjointe de l’époque. Cette dernière avait environ 13 ans lors des premiers attouchements qui s’étaient déroulés dans l’appartement de l’accusé. Trois épisodes au total sont survenus.
La couronne souhaitait attendre le dénouement de son autre dossier avant de planifier les observations sur la peine. Le rapport sexologique produit servira également à déterminer la peine juste dans cette affaire.