Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a indiqué mardi s'être plaint auprès de Vladimir Poutine de «problèmes» avec la force de maintien de la paix russe qui n'arrive pas à enrayer l'aggravation des tensions avec l'Azerbaïdjan.
Lors d'un entretien téléphonique lundi, «j'ai parlé (à M. Poutine) du danger d'une possible escalade au Nagorny Karabakh, je pense qu'il y a des problèmes dans la zone de responsabilité de la force de maintien de la paix de la Russie», a déclaré lors d'une conférence de presse le premier ministre arménien.
Citant la mort récente de policiers arméniens dans des heurts avec l'Azerbaïdjan, il a ajouté: «Je veux souligner que cela s'est passé dans la zone de responsabilité de la force de maintien de la paix russe. Cela nous préoccupe et j'ai exprimé cette inquiétude lors de mon entretien avec Poutine».
Vivement critiquée depuis des semaines par Erevan qui l'accuse de passivité, l'armée russe avait affirmé lundi que ses soldats de la paix avaient stoppé dimanche un échange de tirs entre les belligérants ayant fait cinq morts.
Région montagneuse majoritairement peuplée d'Arméniens et ayant fait sécession de l'Azerbaïdjan à l'effondrement de l'Union soviétique, le Nagorny Karabakh continue d'empoisonner les relations entre Erevan et Bakou.
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Malgré la présence de militaires russes, les heurts au Karabakh et à la frontière entre les deux pays restent fréquents et menacent de faire dérailler la fragile trêve conclue après une guerre perdue par Erevan en 2020. Et la Russie semble peiner à exercer son influence sur les belligérants, maintenant que ses ressources sont concentrées sur son invasion de l'Ukraine.
«Aujourd'hui, il y a une très forte probabilité d'escalade le long de la frontière arménienne et au Nagorny Karabakh (...) Chaque jour qui passe, la rhétorique de l'Azerbaïdjan devient plus agressive», a déclaré mardi M. Pachinian.
Soulignant de récents «progrès» dans les pourparlers de paix, M. Pachinian a néanmoins relevé des «problèmes fondamentaux» empêchant d'avancer plus avant.
«Nous voyons que l'Azerbaïdjan essaie de signer un traité de paix en avançant des revendications territoriales (...), ce qui, naturellement, est une ligne rouge pour l'Arménie», a-t-il dit.
Outre les heurts, l'Arménie dénonce aussi le blocage depuis la mi-décembre d'une route essentielle pour le ravitaillement d'une enclave arménienne au Nagorny Karabakh par des Azerbaïdjanais se présentant comme des militants écologistes, accusant Bakou de vouloir procéder à un «nettoyage ethnique».
L'Azerbaïdjan et les forces séparatistes arméniennes, soutenues militairement par Erevan, se sont affrontés lors de deux guerres pour son contrôle, l'une à la dislocation de l'URSS, qui a fait 30 000 morts, l'autre à l'automne 2020, qui a fait 6500 morts.
Un cessez-le-feu pour le conflit de 2020, signé sous l'égide de Moscou, a été suivi du déploiement d'un contingent de soldats de la paix russes, mais les tensions restent vives et les négociations pour la signature d'un traité de paix n'avancent pas.