L’homme de 38 ans qui aurait volontairement heurté une douzaine de piétons au volant de sa camionnette lundi, à Amqui, a été accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort de deux personnes sous les huées de concitoyens outrés par le drame qui a frappé en plein cœur cette petite municipalité.
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On reproche à Steeve Gagnon d’avoir tué avec son véhicule Gérald Charest, 65 ans, et Jean Lafrenière, 73 ans. D’autres chefs d’accusation s’ajouteront éventuellement. Dix autres personnes, âgées de moins d’un an à 77 ans, ont été blessées.
L’accusé est arrivé au palais de justice d’Amqui escorté par les policiers, devant des citoyens qui s’étaient réunis tout près.
Gagnon a été violemment chahuté, plusieurs personnes le traitant de « fou », de « pourri ». À un certain moment, jetant un rapide coup d’œil vers les gens qui l’insultaient, Steeve Gagnon a semblé esquisser un début de sourire qui n’a fait que raviver les cris à son endroit.
L’affaire reviendra devant le tribunal le 5 avril, et d’ici là, l’accusé demeurera détenu.
Une question
La question était sur toutes les lèvres au Québec mardi : qu’est-ce qui a pu pousser le suspect à poser un tel geste insensé ?
Pour l’instant, les autorités ignorent « les motifs et l’état d’esprit » du suspect.
Steeve Gagnon aurait agi seul et de façon préméditée, a avancé la Sûreté du Québec, qui a déployé de nombreux agents afin de faire la lumière sur les événements.
« L’enquête tend à démontrer que les piétons ont été visés de façon aléatoire », a indiqué Claude Doiron, porte-parole de la SQ.
On en sait peu sur Gagnon, qui a été arrêté pour un événement survenu en septembre 2006.
Il avait alors été visé par un chef de conduite avec les facultés affaiblies et d’un chef de conduite alors qu’il avait plus de 80 mg d’alcool par 100 millilitres de sang.
Il avait vu son permis lui être confisqué, le juge lui interdisant de conduire pour une période d’un an.
Le suspect aurait travaillé pour Transport Gino Bois à Amqui, quelques semaines durant la dernière année avant de quitter en août 2022 pour des raisons de maladie.
« Je l’ai croisé une ou deux fois environ. Il ne parlait pas beaucoup. Les gars disaient qu’il était bizarre, mais moi je ne le connais pas beaucoup », affirme Yves Gagné, employé de l’entreprise.
Fait à noter, aucune demande pour faire évaluer son aptitude à comparaître n’a été déposée pour le moment par son avocat.
Le premier ministre François Legault a laissé entendre mardi que Gagnon aurait pu avoir été déjà « identifié » comme étant à risque.
Selon un voisin de Gagnon, ce dernier avait de sérieux problèmes de comportement. Il était évasif, perdu et ses agissements pouvaient laisser croire qu’il était une véritable bombe à retardement.
Tragédie sans nom
Le boulevard Saint-Benoît Ouest, à Amqui, avait des allures de scène d’horreur au lendemain de l’attaque qui a bouleversé cette petite communauté du Bas-Saint-Laurent.
Des marqueurs de preuve étaient déposés près de traces de sang, d’une poussette tordue, de petits souliers d’enfants et d’empreintes de pneus.
Des témoins ont raconté au Journal être encore hantés par la terrible scène.
« Quand je suis arrivée, il y avait des corps partout. Il y avait du sang, des personnes qui criaient pour leurs enfants, des morceaux de vêtements qui ont volé dans les airs », raconte Isabelle Gagné, témoignant de l’ambiance tragique qui régnait sur les lieux.
Lundi, une dizaine de personnes se tenaient à cet endroit précis, profitant d’une magnifique journée ensoleillée, avant que tout ne bascule.
Même le ciel dégagé de la veille avait laissé place à de la grisaille et un brouillard en matinée, comme un signe de la tristesse collective ressentie par les quelque 6000 habitants de cette petite ville.
Des oursons et des fleurs
Quelques curieux à la mine grave se sont rendus sur les lieux mardi pour constater l’ampleur de la tragédie. D’autres se sont contentés de déposer oursons et fleurs sur le parvis de l’église du village.
Celle-ci a d’ailleurs fait retentir ses cloches sur le coup de 15 h 05, l’heure où est survenu le drame.
LES VICTIMES DE CETTE TRAGÉDIE
12 piétons ont été happés
3 blessés graves dont on craint pour la vie
2 décès ( les deux sont originaires d’Amqui )
6 autres personnes qui ont subi des blessures graves à divers niveaux
► Parmi les blessés on compte un enfant de moins d’un an et un autre de près de 3 ans