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Il faut «accélérer la recherche» sur la viande cultivée en laboratoire, recommandent des sénateurs français

Butcher cutting pork meat food industry concept

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Malgré la défiance des agriculteurs et de la classe politique, la France devrait «accélérer la recherche» sur la viande reconstituée en laboratoire à partir de cellules animales, recommande un rapport sénatorial consulté par l'AFP, dont l'adoption officielle a été reportée mercredi.

À ce jour, du «poulet» cellulaire peut seulement être consommé à Singapour. Mais une centaine d'entreprises, des États-Unis aux Pays-Bas, travaillent à développer et à faire approuver ces nouveaux aliments.

Les sénateurs redoutent que la France ne se laisse distancer, et tombe «dans la dépendance envers de grandes entreprises étrangères». Ils recommandent donc de «ne pas exclure, par principe, le financement de l'innovation», par des subventions publiques notamment.

«Devant les craintes suscitées par le développement du produit, ses effets sur l'élevage, et les nombreuses interrogations soulevées par la présentation du rapport, les membres de la commission [des affaires économiques] ont souhaité prolonger leur réflexion de quinze jours» avant de procéder à un vote, indique le Sénat dans un communiqué.

«Viande in vitro», «viande de laboratoire»... Ces expressions désignent des aliments carnés produits dans des fermenteurs à base de cellules animales plongées dans un bouillon de culture.

Pour leurs défenseurs, ces «aliments cellulaires» devraient permettre de réduire l'impact de l'élevage, qui représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine et contribue à la déforestation.

Sur une terre d'élevage comme la France, cette technologie encore balbutiante soulève de nombreuses réticences. Et la franche opposition de l'ancien ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, et de l'actuel, Marc Fesneau.

Mais dans le même temps, la banque publique d'investissement Bpifrance a soutenu les deux entreprises françaises actives dans ce secteur, Vital Meat et Gourmey, à hauteur d'environ 6 millions d'euros sous forme de prêts, d'avances remboursables ou de subventions.

À l'issue de leur mission entamée en janvier, les sénateurs auteur du rapport estiment qu'un «consensus s'est dessiné pour accroître nos connaissances sur le sujet».

Le rapport recommande d'«accélérer la recherche en France pour lever les incertitudes encore nombreuses, et pour s'assurer la maîtrise de la technologie».

Aucune demande de mise sur le marché n'a encore été effectuée dans l'Union européenne, et il faudra vraisemblablement attendre au moins 2025 pour voir de tels aliments apparaître en rayons. Pour autant, cela ne doit pas être «un prétexte pour faire comme si le sujet n'existait pas», relèvent les auteurs du rapport.

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