Une résidente des Îles-de-la-Madeleine vit une situation extrêmement difficile, elle qui est obligée recevoir des traitements d'hémodialyse à Québec. Même s'il existe une unité de soins dans sa région, Guylaine Nadeau n'y a pas accès, faute de personnel.
«Je me sens vraiment oubliée... comme si ce n'était pas important, ce que je vis», a-t-elle raconté à TVA Nouvelles.
C'est donc dire que la dame, originaire de Fatima, livre deux batailles à la fois. L'une contre la maladie, l'autre pour recevoir ses traitements chez elle, aux Îles-de-la-Madeleine, plutôt qu’à l'Hôtel Dieu Québec.

«Ce qui est difficile c'est qu'on n'a pas d'aide, ni de l'hôpital, ni du gouvernement. On est pris ici. Pour combien de temps? Moi, je suis une personne positive, mais un moment donné, des fois, ça flanche», a-t-elle confié avec émotion.
Souffrant de polykystose rénale, elle doit recevoir des traitements d'hémodialyse à vie, ou jusqu'à l'obtention d'une greffe de rein. La procédure prévoyait que les trois ou quatre premières semaines de traitements auraient lieu à l'Hôtel Dieu de Québec, avant un retour aux Îles-de-la-Madeleine. Or, sept semaines plus tard, il lui est toujours impossible de retourner dans sa région.
Une unité d'hémodialyse existe pourtant aux Îles depuis 2019. Des chaises sont vacantes, mais on n’y prend plus de patients, faute d'infirmières. Le recrutement est difficile.
Je suis arrivée le 29 janvier. Je suis partie [des Îles] et je ne suis pas revenue. On m'a dit " "tu restes ici". C'est ça ou tu meurs. Si je retourne aux Îles, je me laisse aller. J'aurai pas de traitements. Mais si je reste, qu'est-ce qui va nous arriver? On ne vit pas.»
Les conséquences sont majeures. Guylaine et son conjoint Jean-Marc ont dû s'installer dans un modeste appartement de Beauport qui leur coûte plus cher que leur hypothèque aux Îles. Ils se sentent déracinés. Leur fille autiste est avec eux, elle n'a donc plus accès à ses suivis aux Îles.
«Ça nous coûte 4000 $ par mois pour être à Québec en plus de notre maison à payer aux Îles. En plus d'être ici, il faut que je me casse la tête avec tout ça. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? Ce ne sont pas des vacances. Depuis qu'on est ici, on se casse la tête, qu'est-ce qui va nous arriver ? Est-ce que quelqu'un va nous aider? Comprendre notre situation? Qui va se dire "ce monde-là ne mérite pas ça"?», s’est questionnée la dame.
Les prestations pour proches aidants de son conjoint cesseront en avril. Il travaille dans le domaine de la pêche, dont la saison reprend bientôt, mais il ignore s'il pourra reprendre le travail, car il est hors de question de laisser sa conjointe seule à Québec pendant ses traitements.
Le député des Îles-de-la-Madeleine Joël Arseneau a écrit au ministre de la Santé, l'exhortant à trouver une solution.
Il a eu une discussion avec Christian Dubé dans les dernières heures. Le cabinet du ministre a reconnu la particularité des Îles et l'importance des soins de proximité. Sensible à la situation de Mme Nadeau, le cabinet travaille avec le CISSS des Îles pour trouver les meilleures solutions.
Guylaine Nadeau sait exactement ce qu'elle veut, rentrer chez elle.