Kathleen Savard habite juste à la limite de la zone tampon, sur la rue Carter. Elle est soulagée de pouvoir garder son appartement dans un quartier qui lui tient à cœur.
«Tout le monde m’appelle pour savoir si j’ai besoin de me trouver un autre toit. Les autres locataires aussi. Ils veulent faire sûr qu’on puisse garder notre petit coin qu’on aime bien, dit-elle en référence aux nombreux appels qu'elle reçoit depuis l'annonce hier de la démolition de 82 résidences juste derrière chez elle. Noranda, ça fait partie de moi, c’est sûr que je n’ai pas envie de le quitter. Même si on sait que la mine fait des dommages, c’est un choix que je fais de quand même rester dans le coin.»
Elle appréhende cependant les travaux qui s'annoncent encore pour quelques années dans sa cour arrière.
- Écoutez l'entrevue avec Marie-Ève Duclos, une propriétaire de Rouyn, à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
«Ça va être encore un stress, comme l'année passée quand ils ont défait toutes les ruelles et tout ça. On ne pouvait plus stationner chez nous, c'est devenu vraiment problématique. C'est stressant, mais on va vivre avec, on n'a pas le choix.»
De son côté, à 80 ans, Denis Monette n'est pas tendre avec le gouvernement qu'il accuse de plier devant l'entreprise.

Photos : Émilie Parent-Bouchard / Agence QMI
«Le gouvernement n’est pas capable de mettre son pied à terre. Pour s’en défaire, il nous lance quelques affaires. Voir si la boucane arrête à une ligne et ne passe pas jusqu’à l’autre bâtisse. Ça ne marche pas, c’est de l’hypocrisie», a-t-il déploré.
Il ajoute que l'argent investi pas plus tard que l'année dernière pour paver les rues et les ruelles de manière à éviter la remise en circulation des poussières aura été investi pour rien. «À 80 ans, si je m'en vais d'ici, je vais aller me faire vivre par le gouvernement quelque part en ville? Ils aiment ça dépenser, qu’ils dépensent! Regarde tout l’argent qu’ils ont mis l’année passée, l’année d’avant et l’autre. C’est de la stupidité!»
Denis Monette devient tout de même émotif quand on aborde la question des relations entre voisins. «Ce qui est de valeur, c’est le monde qui vont s’ennuyer de leur place. C’est ça qui est dangereux pour la santé. C’est de perdre le monde qu’on est habitué de voir qui fait mal au cœur», a-t-il laissé tomber.
Jannie Landry est résidente du quartier Notre-Dame (QND) depuis deux ans et demi.

ÉMILIE PARENT-BOUCHARD / AGENCE QMI
«Stress», c’est le mot que lance d’emblée celle qui devrait trouver un nouveau toit pour déménager avec ses cinq enfants âgées de 5 à 13 ans. «Ça les stresse, ils ne veulent pas changer de quartier, d’école, perdre leurs amis qui sont tous vraiment proches.»
«C'est beaucoup de questionnements, beaucoup d’inquiétudes, beaucoup de stress», a-t-elle dit.
«Avec mes cinq enfants, les chiens, les animaux, recommencer à zéro, est-ce que je vais trouver aussi grand? Est-ce que je vais avoir ma cour? Est-ce que je vais avoir le droit à mes chiens encore? Je ne sais pas.»
«J’ai commencé à regarder un peu, mais tout le monde sait qu’il n’y a pas de logements à Rouyn.»