Le Parti conservateur et le Bloc québécois ont vivement dénoncé la nomination à titre de rapporteur spécial sur l’ingérence chinoise de l’ancien gouverneur général David Johnston, qu’ils considèrent comme un «proche» et un «ami de la famille» de Justin Trudeau.
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«Être proche de quelqu’un au point d’être défini par le premier ministre lui-même comme étant un ami de la famille permet de croire qu’on aurait une petite gêne avant de faire le contraire de ce que notre ami souhaite», a déclaré jeudi Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois.
Ce dernier assure qu’il ne s’agit pas d’une remise en question des «vertus que l’on pourrait présumer être celles de monsieur Johnston», même s’il «s’est aussi fendu d’une admiration pour le régime chinois».
Pierre Poilievre n’a pas été plus tendre envers son vis-à-vis.
«Justin Trudeau a nommé un “ami de la famille”, vieux voisin de chalet et membre de la fondation Trudeau financée par Pékin, rapporteur “indépendant” sur l’ingérence de Pékin», a dit le chef conservateur par écrit. «Soyons réalistes. Trudeau doit mettre fin à sa dissimulation. Ouvrez une enquête publique. Maintenant.»
En rupture avec ces derniers, Jagmeet Singh a salué la nomination d’un homme «bien connu, mais indépendant et non partisan».
«Maintenant, on va voir ce qu’il fait comme travail», a déclaré le chef du NPD. «Je maintiens toujours qu’on a besoin d’une enquête publique, et j’espère que monsieur Johnston va lancer une enquête publique pour rétablir la confiance dans notre système électoral.»
La nomination d’un rapporteur spécial est une façon de «tourner autour du pot», selon le chef bloquiste, puisque dans tous les cas, les partis d’opposition continuent de réclamer une enquête publique, peu importe ce que décidera David Johnston.
«Il n’existe aucun scénario où le Bloc québécois, qui jusqu’à maintenant a l’appui du NPD et des conservateurs, dans lequel il n’y aura pas d’enquête publique et indépendante et dont la présidence sera désignée par la Chambre des communes», a-t-il dit.
En conférence de presse à Toronto, M. Singh ne s’est pas avancé sur ce qu’il ferait advenant que le rapporteur Johnston décide de ne pas déclencher une enquête publique.
Des liens anciens
Dans une entrevue réalisée il y a plusieurs années à CTV avec le journaliste Robert Fife, désormais au «Globe & Mail», David Johnston affirme qu’il était un ami «proche» de Pierre Elliott Trudeau, le père de Justin Trudeau, et que leur lien s’était développé à travers leurs enfants respectifs.
M. Johnston siège aussi sur l’assemblée des membres de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.
Proximité avec la famille Trudeau, oui, mais aussi avec le régime chinois.
David Johnston et sa famille ont des liens avec la Chine qui remontent à plusieurs décennies.
En plus d’avoir obtenu un doctorat honoris causa de l’Université de Nanjing, une des plus anciennes et prestigieuses universités de Chine, trois de ses cinq filles ont étudié en Chine et à Hong Kong.
«Aujourd’hui elles partagent leur appréciation de la langue et de la culture chinoise avec leurs proches», a déclaré M. Johnston lors d’un banquet à Pékin en 2013.
Dans un communiqué accompagnant l’annonce, Justin Trudeau affirmait que «David Johnston apporte une intégrité impeccable, une riche expérience et de grandes compétences, et je suis convaincu qu’il mènera un examen impartial pour s’assurer que toutes les mesures nécessaires sont prises afin de préserver notre démocratie ainsi que de maintenir et renforcer la confiance à son égard».
-Avec Anne-Caroline Desplanques