Les drames survenus à Laval, Amqui et maintenant Rosemont, au cours du dernier mois, soulèvent plusieurs questions en lien avec la prise en charge des problématiques de santé mentale dans la province.
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En entrevue au TVA Nouvelles, le psychologue Gilles Vachon estime qu’il serait temps que le gouvernement se penche sur la question par le moyen d’états généraux.
«Avec ce qu’il vient d’arriver et [l’impact] post-pandémie, tout la difficulté chez les adolescents et aussi les divorces et tout ce qui semble se multiplier, il nous faudrait peut-être des états généraux sur la santé mentale au Québec», indique-t-il.
Le psychologue est d’avis qu’il y a des lacunes, notamment, dans la couverture sociale en santé mentale.
«Notre couverture psychosociale ou psychologique n’est pas assez forte et pas assez bonne, dit-il. Tout le monde semble le reconnaitre. C’est malheureux qu’il faille une semaine comme celle-là pour qu’on soit en train de se le dire.»
M. Vachon évoque aussi un vide juridique en ce qui a trait aux actions que le public pourrait porter pour prévenir de tels drames.
«Nous manquons de ressources dans des cas qu’on pourrait pourtant identifier, affirme-t-il. Mais je vais rajouter que ce ne sont pas toutes les personnes qui sont malades mentales qui ont un problème de dangerosité, c’est extrêmement rare, mais dans certains cas il y a des signes frappants et là il faut se demander si on aurait pu faire quelque chose et quels moyens on aurait pu utiliser.»
Ces moyens ne sont cependant pas nombreux, car il est impossible de forcer un adulte que l’on soupçonne d’avoir des problématiques de santé mentale de se faire traiter sans ordonnance de la cour.
«Malheureusement [on ne peut] pas [faire] grand-chose [...] mais oui, il faut se mobiliser, oui il faut appeler les policiers, oui il faut tenter quelque chose et à la limite un juge pourra faire une ordonnance pour qu’on puisse hospitaliser la personne pour examen», soutient-il.
Il se dit malgré tout encouragé de voir que le premier ministre François Legault compte se pencher sur la question via de nouveaux budgets en santé mentale.
Cependant, il croit qu’il faudrait creuser la question davantage.
«Il y a une différence entre la santé mentale et la maladie mentale, martèle-t-il. On n’arrête pas de m’objecter que la plupart des gens qui commettent des tueries de masse ne sont pas en maladie mentale, mais ils ne sont surement pas en très bonne santé, continue-t-il. Donc ce que j’en déduis, c’est que la santé mentale ne va pas très bien non plus. Il faudrait peut-être la redéfinir.»
Voyez l’intégralité de l’entrevue de M. Vachon dans la vidéo ci-dessus