Deux jeunes qui se sont improvisés proxénètes en recrutant des mineures pour qu’elles offrent des services sexuels prendront le chemin de la prison.

Photos Pierre-Paul Poulin
Jérémy Corrigan et Jérémy Boulanger, au palais de justice de Longueuil, où ils ont écopé de 42 et 26 mois de détention.
Jérémy Boulanger et Jérémy Corrigan ont récemment reconnu leurs crimes au palais de justice de Longueuil.
À l’automne 2020, ils avaient mis de la pression sur une fille d’à peine 15 ans afin qu’elle offre son corps à des hommes en échange d’argent. Corrigan, alors âgé de 18 ans, et la victime avaient fait connaissance sur l’application SnapChat.
La première fois qu’on lui a demandé de se prostituer, elle a refusé. Mais elle a fini par consentir à la création d’un compte Tinder, accompagné de photos osées.
Rapidement, un client s’est manifesté. En compagnie du co-accusé Jérémy Boulanger, Corrigan et l’ado se sont rendus dans un motel.
Incapable d’acquitter le montant de la chambre, le groupe a demandé au client de payer.
Mais, constatant que la jeune était mineure, le commis a refusé de lui louer une chambre. L’ado a fini par avouer au client qu’elle n’était effectivement pas majeure, ce qui l’a fait fuir.
- Écoutez la rencontre Gibeault-Dutrizac avec Nicole Gibeault, juge à la retraite au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Sauvée par hasard
Le trio s’est rendu dans un autre motel. Culpabilisée pour avoir fait échouer la transaction, l’ado a accepté qu’une annonce pour afficher ses services sexuels soit créée sur un site d’escortes. Certains clients y ont répondu.
« Heureusement, aucune conversation n’a de suite », a expliqué en Cour la procureure de la Couronne au dossier, Me Ève Malouin, précisant que les accusés étaient alors intoxiqués au Xanax, un anxiolytique.
Le calvaire de l’adolescente s’est terminé grâce à la présence par hasard de policiers, qui ont intercepté le groupe de jeunes traversant illégalement le boulevard Taschereau. Les agents l’ont reconduite chez elle.
Mais les jours suivants, l’annonce offrant ses services, créée avec ses coordonnées réelles, a été republiée à deux reprises. La victime a donc reçu textos et courriels de clients voulant la payer pour du sexe.
Jérémy Corrigan l’a même relancée pour lui demander de revenir au motel ou de lui trouver une amie. Elle a refusé et a finalement tout raconté aux policiers.
Diverses tentatives
La victime a raconté, dans une lettre lue devant le tribunal, avoir longtemps fait des cauchemars par la suite.
« J’ai vécu de la honte, car je croyais que tous les événements étaient ma faute », a-t-elle écrit.
« J’ai perdu ma jeunesse, mon insouciance, ma naïveté face au monde, mon enthousiasme, bref, je me suis perdue moi-même », a-t-elle ajouté.
Durant l’enquête, les policiers ont découvert que plusieurs autres femmes, dont des mineures, avaient aussi reçu l’offre de se prostituer. Une avait accepté et avait dû assouvir les désirs de deux clients.
Jérémy Boulanger devra purger une peine de 26 mois de détention, alors que son complice, Jérémy Corrigan, a écopé d’une peine de 42 mois. Ils iront en prison plus tard, lors d’un prochain retour en cour.