Aucun avertisseur de fumée n’aurait alerté les occupants de l’immeuble patrimonial qui était la proie des flammes jeudi dans le Vieux-Montréal, selon un résident sauvé in extremis par des pompiers à la fenêtre de son appartement.
• À lire aussi: Incendie dans le Vieux-Montréal: «il n’y a aucune raison de douter de la conformité du bâtiment», dit l'avocat du propriétaire
• À lire aussi: Incendie dans le Vieux-Montréal: «Airbnb s'en lave les mains»
• À lire aussi: Incendie dans le Vieux-Montréal: elle appelle deux fois le 911 avant de mourir
« J’ai entendu un boom [...] et quand j’ai ouvert la porte de mon appartement j’ai vu une grosse boucane noire. Tellement noir que je ne voyais plus rien. Il n’y avait pas de lumière de secours », a raconté Patrick Brasseur, encore sous le choc.
Le feu s’était déjà propagé dans la cage de l’escalier, l’empêchant de sortir de l’immeuble. Voyant qu’il était pris au piège par les flammes, l’homme de 54 ans est retourné dans son appartement, où il a cassé sa fenêtre.
- Écoutez Chris Ross, président de l'Association des pompiers de Montréal en entrevue au micro de Philippe-vincent Foisy via QUB radio :
« J’ai crié au secours. J’ai essayé d’appeler le 911 [...] mais j’étais paniqué. Je voyais par la fenêtre que tout autour éclatait et tombait », s’est-il rappelé au bout du fil.
« Je gardais ma tête à l’extérieur, il fallait que je respire. J’essayais de prendre des bouffées d’air, c’était insupportable », a ajouté M. Brasseur.

Photo Agence QMI, Maxime Deland
Une policière recueille des fleurs qui seront déposées près de l’immeuble.
Secouru par sa fenêtre
Les pompiers sont arrivés rapidement pour le secourir à l’aide d’une échelle, qui était « tellement chaude » qu’elle a brûlé sa peau.
« Je suis sorti in extremis. Je voyais le feu au plafond et j’étais certain qu’il allait tomber sur ma tête », dit M. Brasseur, qui habite au dernier étage de l’immeuble patrimonial depuis 35 ans.
Il a été transporté à l’étage des grands brûlés du CHUM, où il a reçu lundi après-midi son congé de l’hôpital. Il a également subi des blessures aux rétines de ses yeux, mais, heureusement, il ne devrait pas conserver de séquelles permanentes.
D’autres n’ont pas eu cette chance. Camille Maheux, une photographe retraitée, qui résidait dans l’immeuble depuis plus de 30 ans, manque toujours à l’appel.
Son identité a été rendue publique par ses proches au cours du week-end.
Les recherches se poursuivent également pour retrouver six autres personnes (voir autre texte).
Deux amies en visite à Montréal feraient partie des victimes. Elles se trouvaient dans un logement loué sur Airbnb lorsque le feu a pris naissance, et n’ont jamais pu sortir.
Lundi matin lors d’un point de presse, les autorités ont indiqué que les autres victimes proviennent du Québec, des États-Unis et de l’Ontario.
L’une d’elles serait une neurobiologiste américaine âgée de 31 ans. Selon ses proches qui sont à sa recherche, elle était en visite à Montréal pour une conférence.

Photo d'archives
L’incendie du bar Gargantua en 1975.
Miracle
Patrick Brasseur estime pour sa part que s’il est vivant, c’est parce qu’il se préparait à aller travailler au petit matin.
« Si j’avais été en train de dormir, je serais mort. Je n’ai entendu aucune alarme incendie et j’étais réveillé depuis [un moment]. Pourtant, la rondelle rouge du détecteur est juste à côté de ma porte », assure le travailleur de la construction.
Et, depuis peu, il n’avait plus de détecteur de fumée dans son propre appartement, confie-t-il.
« Il y a un mois, il [le propriétaire] a décidé de changer tous les détecteurs et m’a demandé de retirer le mien, car il était pour le remplacer. J’attendais qu’il vienne m’en porter un, mais ça ne s’est jamais produit. »
L’enquête est désormais entre les mains de la police de Montréal.
– Avec Frédérique Giguère et Camille Payant