La prison à la maison n’est pas réellement différente de la prison régulière et elle facilite la réhabilitation, juge Me Marie-Pier Boulet.
En entrevue au micro de Philippe-Vincent Foisy à QUB radio, la présidente des avocats de la défense a avoué qu’elle s'interroge sur ce qui est pire entre la prison et la prison à la maison.
«À la maison, on peut vivre extrêmement de solitude. Je ne suis pas certaine que j’irais vivre 20 mois chez mes parents. Nous savons que les milieux carcéraux ne sont pas un bon milieu de réhabilitation. Il y a plus de services dans un emprisonnement avec sursis comparativement à la prison. L’accès à certains cours ou thérapies est simplifié. Nous rendons davantage service à la personne qu’on souhaite réhabiliter afin qu’elle soit fonctionnelle et pas un danger pour la société avec cette méthode.»
Elle a cité en exemple un jeune qui commet une agression sexuelle où il y a des touchés qui sont un peu moins invasifs qu’une pénétration. «Cet individu a commis une agression sexuelle, mais il pourrait avoir un encadrement fort intéressant dans le cadre d’un emprisonnement avec sursis, notamment en vivant chez ses parents. Ce serait comme être en prison à la maison 24 heures sur 24. Mis à part qu’on mange mieux qu’en prison, c’est une prison quand même et la résidence est vue comme un endroit de séquestration. La prison à la maison, ce n’est pas le party», a-t-elle indiqué.
Me Boulet a rappelé que le crime d’agression sexuelle couvre un large spectre de comportements. Cependant, elle prévient que les peines minimales sont maintenues pour tous les crimes qui mettent en cause les personnes mineures. «Cela veut dire qu’il y a une peine minimale de prison et que ça ne peut pas être purgé à la maison.»
Rappelons qu’une motion votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 15 février dernier, demandait à Ottawa de modifier le Code criminel pour interdire la possibilité qu’une personne coupable d’agression sexuelle puisse purger une peine de prison à la maison.