Une étudiante qui aurait été agressée sexuellement par un policier de la Rive-Sud, chez elle alors qu’il était en service, avait «juste hâte que ça finisse», a-t-elle témoigné ce matin à l’ouverture du procès du patrouilleur.
«Je n’avais pas peur de lui parce que [les forces de l’ordre] représentent la loi, ils sont là pour nous protéger... J’avais confiance, c’est un policier... Je voulais que ça finisse et qu’il s’en aille», a témoigné la victime alléguée de Yannick Dauphinais, ce lundi au palais de justice de Longueuil.
La jeune femme, que l’on ne peut identifier sur ordre de la cour, témoignait émotivement ce matin en lien avec l’agression sexuelle qu’elle dit avoir subi, le 21 juillet 2021, par un policier qui l’avait abordée la veille et qui s’était invité chez elle.
Selon la preuve de la Couronne, Dauphinais, un policier d’expérience de la Régie intermunicipale de police Roussillon âgé de 43 ans, avait rencontré la victime pendant qu’elle faisait le plein d’essence. Lors de la brève discussion, l’accusé aurait demandé à l’étudiante deux fois plus jeune que lui si elle était célibataire, et s’il pouvait ensuite la suivre jusqu’à l’épicerie où elle comptait se rendre après avoir mis de l’essence.

PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD
Et une fois là-bas, il aurait demandé le numéro de téléphone de la jeune femme.
«J’ai eu des mauvaises expériences avec des gens à qui je disais non, alors je lui ai donné, a-t-elle témoigné. Ça n’engage à rien, j’avais confiance parce que c’est un policier. En plus il était en uniforme, j’avais l’impression de ne pas avoir le choix.»
Surprise par la situation, la plaignante dit en avoir ensuite parlé à un groupe d’amis, qui auraient trouvé la situation « inappropriée » étant donné que le patrouilleur était alors en service, dans un véhicule identifié par son corps policier.
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«Ça sera pas long»
Le soir même, Dauphinais aurait écrit à l’étudiante pour savoir si elle était libre pour le voir. Cette dernière a ignoré son message, jusqu’au lendemain matin. Or, pendant qu’elle se préparait pour sortir de chez elle, le policier s’est invité chez elle, après lui avoir demandé son adresse.
«Je ne savais pas trop quoi dire, ni pourquoi il voulait me voir», a témoigné la jeune femme.
Sauf que rapidement, sans crier gare, Dauphinais aurait embrassé la plaignante sur la bouche, tout en lui faisant des attouchements par-dessus les vêtements.
«J’ai figé, a confié la plaignante. Il n’était pas agressif, mais il ne m’a pas vraiment laissé le choix»
Or, Dauphinais ne se serait pas limité à ces gestes, réclamant ensuite «une gâterie».
«Il a dit qu’il était vraiment excité et que ça ne sera pas long», a ajouté la femme.
Craignant la réaction du policier, qu’elle ne voyait que pour la deuxième fois de sa vie, la femme a obéi.
«Je ne voulais pas le fâcher, a-t-elle dit. Il était plus grand, plus large, je ne voyais pas d’issue, je voulais que ce soit le moins pire possible. Je n’étais pas capable de me débattre parce que j’avais peur.»
Après avoir obtenu ce qu’il voulait, Dauphinais serait allé se laver les mains avant de quitter les lieux.
«Il a dit que ce serait bien de se revoir le lendemain matin à la même heure, a témoigné la jeune femme, sous le coup de l’émotion. J’ai figé, je ne savais pas quoi faire...»
Après avoir pleuré, la plaignante s’est ensuite confiée à des gens, avant de finalement porter plainte aux autorités. Et à la suite de l’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes, Dauphinais a été accusé.
«La plaignante et l’accusé ne se connaissaient pas, et ils n’ont plus jamais eu de contacts entre eux», a précisé Me Amélie Rivard de la Couronne.
Le procès, devant le juge Bertrand St-Arnaud, est prévu pour durer une partie de la semaine.