Le gouvernement Legault injecte une bonne part de l’argent frais en éducation pour améliorer la maîtrise du français sur les bancs d’école, mais il faudra patienter encore avant de savoir précisément comment il compte y arriver.
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Au cours de la prochaine année, 50 millions $ seront notamment consacrés à l’achat de livres dans les écoles et à la création d’une plateforme de tutorat en ligne pour aider les élèves en français, deux mesures promises en campagne électorale.
Cette somme - qui servira aussi à embaucher des conseillers pédagogiques - devrait doubler par la suite pour atteindre 448 millions d’ici cinq ans, ce qui représente la part du lion des nouvelles mesures en éducation, chiffrées à 1,5 milliard $ au cours de cette période.
Il faudra toutefois attendre avant d’en savoir plus. D’autres mesures annoncées «prochainement» permettront de «donner un coup de barre» pour améliorer la maîtrise du français sur les bancs d’école, assure le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.
Un coup de pouce financier aux parents
Pour améliorer la motivation scolaire, Québec prévoit alléger la facture des projets pédagogiques particuliers dans les écoles, comme les concentrations en sports, en arts ou en sciences.
Depuis la rentrée, Québec paie le coût de ces programmes jusqu’à concurrence de 200$, un plafond qui sera rehaussé à 300$ à partir de l’automne prochain. Cette mesure est toutefois jugée nettement insuffisante par le Parti libéral, qui rappelle que la facture de certains programmes sportifs s’élève à plusieurs milliers de dollars.
«C’est inconcevable que le gouvernement n’ait pas été capable de mettre plus d’argent là-dedans», a affirmé le député libéral Frédéric Beauchemin.
Le projet-pilote d’aide à la classe, qui permet à des éducatrices en service de garde de venir prêter main-forte à des enseignantes dans une centaine d’écoles primaires cette année, sera aussi élargi à 100 établissements l’an prochain.
Alors que la pénurie de personnel scolaire cause bien des maux de tête, Québec ne consacre toutefois que 12 millions $ supplémentaires l’an prochain à des mesures permettant de former des enseignants non légalement qualifiés et de retenir des employés d’expérience dans le réseau scolaire.
Comme prévu, le gouvernement Legault met la pédale douce sur la création de nouvelles classes de maternelle 4 ans, rendue difficile par le manque d’espace et d’enseignants : seulement 117 nouveaux groupes sont prévus l’an prochain.
De son côté, Québec solidaire estime que le gouvernement aurait dû en faire beaucoup plus afin de s’assurer qu’il y ait un prof dans chaque classe et des services pour tous les élèves en difficulté.
D’ici cinq ans, 200 millions $ sont aussi prévus pour moderniser la formation professionnelle afin de diplômer 30 000 élèves supplémentaires.
De manière globale, la hausse des dépenses prévues en éducation pour l’an prochain est de 6%, une augmentation qui diminuera toutefois à 3,3% en 2024-2025.
Cégeps et universités
En enseignement supérieur, la hausse des dépenses s’élève à 100 millions $ l’an prochain, ce qui représente une augmentation de 5%.
La moitié de cette somme sera consacrée à la bonification des prêts et bourses, une mesure temporaire mise en place pendant la pandémie qui devient permanente.
Au cégep et à l’université, le gouvernement Legault veut aussi améliorer les compétences des étudiants en français, mais il n’y consacrera qu’un maigre 15 millions $ d’ici cinq ans (soit 30 fois moins que dans le réseau scolaire), notamment pour aider les futurs profs qui en arrachent avec la langue de Molière.
Québec versera par ailleurs 10 millions $ l’an prochain pour accueillir davantage d’étudiants internationaux dans les universités francophones.
À la Fédération étudiante collégiale du Québec, sa présidente Maya Labrosse affirme que ces sommes sont toutefois nettement insuffisantes pour améliorer la réussite des étudiants.
La fédération réclamait notamment plus d’argent pour construire des logements abordables et pour compenser financièrement davantage d’étudiants pendant leur stage.
Le budget en éducation en bref
- Amélioration du français : Québec y consacrera le tiers des nouvelles sommes en éducation d’ici cinq ans, notamment par la création d’une plate-forme de tutorat en ligne et l’achat de livres.
- Programmes particuliers : la contribution de Québec pour le coût des programmes particuliers (sports, arts, sciences) passe de 200$ à 300$, ce qui réduira la facture pour les parents.
- Aide à la classe : le nombre d’écoles primaires qui participeront au projet-pilote permettant à des éducatrices en service de garde d’épauler des enseignantes en classe passera de 100 à 200 l’an prochain.
- Maternelle 4 ans : création de 117 nouvelles classes l’an prochain, dont des classes pour les élèves handicapés
- Rénovation d’écoles : 500 millions $ supplémentaires l’an prochain, alors que l’état des écoles continue de se dégrader.