Le sergent de la Rive-Sud accusé d’agression sexuelle affirme que c’est l’étudiante qui a initié les baisers et la relation sexuelle dans l’entrée de sa maison quand il l’a visitée pendant sa pause du matin.
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«J’étais persuadé qu’elle était consentante à la relation sexuelle. On s’est embrassé avec la langue, elle était en
treprenante. Elle a initié les premières caresses. [...] C’est elle qui a sorti mon pénis de mon pantalon. Je n’avais rien demandé», a témoigné Yannick Dauphinais cet après-midi au palais de justice de Longueuil.
Le sergent intermédiaire à la Régie intermunicipale de police Roussillon subit depuis lundi son procès pour agression sexuelle. Il a décrit avec une telle précision le moment où la femme alors âgée de 28 ans l’a masturbé dans son entrée, le 21 juillet 2021.
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Un beau moment
«Vu que j’étais en pause, je me disais que ce n’était pas grave. J’ai été pris sur le fait. Je me suis laissé aller. C’était un beau moment», a-t-il dit.
Sa version des faits contraste avec celle de la plaignante, que l’on ne peut identifier sous ordre de la cour.
Selon son témoignage rendu lundi, Dauphinais est arrivé chez elle après lui avoir demandé son adresse par texto. Il l’aurait alors embrassé sur la bouche sans crier gare, tout en lui faisant des attouchements par-dessus les vêtements et en réclamant «une petite gâterie». Figée, elle a obéi par crainte que le policier qu’elle ne connaissait pas se fâche.
Les deux s’étaient rencontrés la veille dans une station à essence sur la Rive-Sud de Montréal. Encore une fois, leurs versions des faits sont à l’opposé.
«Elle était joyeuse et souriante. C’était un beau flirt. On se faisait de beaux yeux», a laissé tomber Dauphinais.
Après lui avoir demandé d’aller plus loin pour poursuivre la discussion, le policier a rejoint la jeune femme dans le stationnement du IGA, où elle lui aurait remis son numéro de téléphone toujours en souriant avant d’aller faire ses courses. Celui-ci était complètement sous le charme.
Suivie par le policier
Pour sa part, la jeune femme a plutôt raconté à un ami qu’elle s’était fait approcher par un policier qui l’avait suivie depuis la station à essence.
«Il lui avait demandé son adresse et numéro de téléphone, ce qu’elle avait trouvé étrange. Elle était confuse par rapport à tout ça, elle pensait qu’elle avait commis une infraction quelconque», a expliqué son ami, qui a témoigné plus tôt dans la journée.
Elle a décrit à son patron sa rencontre avec le policier de la même façon: «Il lui a demandé son numéro de téléphone, elle était très mal à l’aise. Elle était intimidée par l’environnement, le contexte du policier. Donc, elle lui a donné en se disant "on passera à autre chose". Elle essayait de se sortir de la situation», a expliqué le pharmacien au juge Bertrand St-Arnaud.
Dans la même semaine, la jeune femme a confié en larmes les détails de la présumée agression sexuelle à ses deux proches, que l’on ne peut nommer pour préserver son identité.
«Elle était en pleurs et pas capable... elle ne voulait pas dire ce qui était arrivé. J’ai semi deviné que c’était par rapport au policier, mais elle n’était pas capable de le sortir, a expliqué son bon ami. [...] C’était clairement affreux. »
Elle se sentait «honteuse et conne de ne pas avoir réussi à empêcher la chose», a-t-il précisé.
La dame a déposé sa plainte aux autorités dans les jours suivants. Et à la suite de l’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), Dauphinais a été accusé. Son procès se poursuit demain.