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Les problèmes du «Solidaire» solitaire

Antoine Robitaille

Plusieurs, notamment dans ces pages, ont réagi à ces lutrins de Québec solidaire d’où le mot «Québec» était absent, pendant l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne.

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Au sein de QS, on proteste: il y a longtemps que de tels lutrins existent dans le parti de gauche. Ils ont raison! Rien là de totalement nouveau.

Le soir du 3 octobre 2022, le mot «solidaire» était bien solitaire sur l’affichette devant Gabriel Nadeau-Dubois, lors de son discours d'élection.

Pendant la campagne électorale de l'automne, sur la page Facebook de QS entre autres, on y voyait des affiches «J'ai voté solidaire», etc. Et je me souviens qu'il y a longtemps déjà, dans l'espace "boutique" du site de QS, nombre d'objets promotionnels de QS (sacs, "gaminets", etc.) arboraient le "solidaire" unique.

Problèmes

Ce n’est donc pas nouveau. Mais cela ne pose-t-il pas tout de même un problème?

Quoiqu'en disent les membres de QS, qu'on s'étonne, dans l'opinion, de l'absence du mot «Québec»; qu'on relève et souligne cette absence, découle d'une impression présente chez plusieurs – et que ce parti ne devrait pas prendre à la légère.

Celle que QS participe de ce que j'appellerais «l'oubli du Québec». Amnésie volontaire qui découle d'une mauvaise conscience résumant désormais le regard porté sur le parcours de la nation québécoise et ses combats. Regard conduisant même à douter l'existence véritable de cette nation.

Il me semble au contraire qu'une solide tradition dans la gauche québécoise a toujours vu la nation comme une condition de la solidarité et de l'ouverture. Autrement, comment faire du Québec un creuset?

«Solidaire»

L'autre problème est cette insistance de la part du parti pour qu'on qualifie ses membres de «Solidaires».

QS reproduit ici un problème découlant du choix, par les membres du Mouvement souveraineté association, de s'appeler "Parti québécois". René Lévesque lui-même aurait préféré «souverainiste», semble-t-il. Et fait une moue significative, sur une photo de 1968, après que des militants (dont Guy Bertrand) l'aient forcé à choisir cette dénomination.

Comment appellerait-on les membres, les députés? Des «Québécois»? On connaît la suite. «Pqiste», puis «péquiste» s'imposèrent, surtout en raison des adversaires qui y virent une occasion de faire jouer la consonance entre le nouveau qualificatif et celui, bien connu à l'époque, de «felquiste».

Au reste, être «Québécois» n'est pas une idéologie, comme l'a souvent dit le journaliste Jean Paré. Libéral, oui, conservateur aussi. «Solidaire»? Pas plus que Québécois! C'est un qualificatif mélioratif: «se dit de personnes qui sont ou se sentent liées par une responsabilité et des intérêts communs».

Voilà pourquoi, avec d'autres dans l'espace public (Gaétan Barrette, Marie-France Bazzo, entre autres), j'insiste pour parler des «qsistes». La prononciation n'est pas aisée, mais je ne vois pas comment échapper autrement à cette volonté d'opérer une sorte d'O.P.A. langagière hostile sur la «solidarité», autrement dit, s'attribuer le monopole sur la générosité, la gentillesse, la sollicitude, l'empathie, etc.

Peut-être faudrait-il parler de solidarisme? Les élus «solidaristes»? Qu'en pensez-vous ?

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