Les addictions font des ravages ici comme partout ailleurs. Elles plongent leurs victimes dans un cycle violent d'euphorie folle et de misère. Elles se propagent dans nos communautés, créant pauvreté, insécurité et maladies. Et elles laissent derrière elles bien des décès précoces.
Pour toutes ces raisons, nos gouvernements règlementent de manière stricte et sévère toute industrie causant des dépendances. Pensez, par exemple, au tabac.
Cependant, une industrie échappe de manière flagrante à ces standards. Au Québec, comme au Canada, la loterie fait ce qu'elle veut. Peu importe que la dépendance aux jeux de hasard représente un danger réel. Une pathologie classée dans la même catégorie que la dépendance aux opioïdes, à l'héroïne ou à la méthamphétamine dans le DSM-V.
Le rêve de richesse
La loterie s'autorise quand même à envahir notre environnement de publicités portant sur un rêve trompeur de fortune. Dépanneurs, épiceries, radio, télévision, médias sociaux et même aux nouvelles, tout le monde, du plus jeune au plus vieux, sont exposés à ses campagnes qui coûtent des millions en frais de marketing. Elle innove et crée des jeux toujours plus addictifs, mais qui gardent une apparence d’innocence infantile. Elle prend l'initiative d'une transformation numérique, faisant de chaque maison au Québec un casino potentiel.
Et sur le dos de qui est portée cette croissance démesurée ? Selon toute vraisemblance, la clientèle clé des loteries est composée de personnes en situation de précarité socio-économique, aux prises avec le démon de la dépendance. Ces joueurs excessifs dépenseront jusqu’à 46,6 fois plus que des joueurs non-problématiques, pour une moyenne annuelle de 23 928$.
On tolère l’existence de la loterie parce que le mythe veut que cette taxe sur les pauvres pourvoie de fonds l’état. Chaque année, Loto-Québec verse près d’un milliard de dollars au gouvernement québecois. À première vue, ce montant semble immense, mais pour l’année 2022, le budget provincial enregistrait des revenus totalisant 144.8 milliards de dollars. En d’autres mots, la santé des finances québécoises ne dépend pas de la loterie.
Coûts engendrés par cette industrie
La dépendance aux jeux de hasard entraine des conséquences graves : impacts négatifs sur la santé mentale et physique; ruptures de contacts sociaux; accumulation de dettes importantes; problèmes juridiques; perte de productivité au travail; etc. De plus, selon le service « Jeu : aide et référence », une personne aux prises avec une dépendance au jeu causera des répercussions négatives sur près de 10 à 17 personnes dans son entourage immédiat.
À quel point cette somme de problèmes affaiblit notre société ?
Bien-sûr, la dépendance au jeu a toujours existé chez l’humain. Cependant, il n’a jamais été aussi facile de tomber victime de ce vice. Même avant la légalisation des jeux de hasard, le crime organisé n’aurait jamais pu espérer faire grandir cette entreprise fumeuse en ce géant d’affaire.
Cet enjeu de société, peu discuté, affectant des populations invisibles, donne ici tout son sens à l’expression « est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? ».

Photo courtoisie, NathB photographe
Rayane Laddi, Animateur du podcast « Arms Crossed », Ancien blogueur au magazine « Les Affaires »