Plusieurs organismes communautaires d’aide alimentaire de Québec ont eu l’impression d’être ignorés, en prenant connaissance du budget annoncé par le ministre des Finances du Québec, mardi.
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«C’est un coup d’épée dans l’eau, constate la responsable des communications de Moisson Québec, Élisabeth Fortin. Les montants d’aide annoncée sont bien loin de nos besoins sur le terrain.»
Le gouvernement a, par exemple, décidé d’accorder 2 M$ par année aux banques alimentaires du Québec pour l’achat de denrées, alors qu’elles réclamaient 24M$.
«On devra étirer sur un an ce que ça nous coûte chaque mois, c’est déplorable. La demande augmente sans cesse avec l’inflation et on n’aura pas plus de moyens pour acheter des denrées», poursuit Mme Fortin, en rappelant que le nombre de personnes aidées par l’organisme chaque mois a doublé dans les trois dernières années.
L’organisation croit également que les baisses d’impôts annoncées par le gouvernement du Québec ne feront «qu’empirer les choses» pour le milieu communautaire. Au lieu «d’avantager majoritairement les plus riches», les baisses d’impôts auraient pu «servir à solidifier le filet social».
«Ce n’est rien, 24 M$ pour des organismes qui aident les gens à subvenir à leurs besoins primaires, comparé à l’argent qui n’ira pas à l’État en raison de ces crédits d’impôt», fait valoir Élisabeth Fortin.
Bouts de chandelles
C’est encore pire pour les organismes communautaires indépendants comme le Pignon Bleu ou Amélie et Frédérick, Service d’entraide. Ceux-ci n’auront «droit qu’à des miettes» ou à une partie de l’enveloppe discrétionnaire des députés de la Capitale-Nationale.
La directrice générale du Pignon Bleu, Roseline Roussel, et la présidente d’Amélie et Frédérick, Diane Dion, s’entendent pour dire qu’elles ont été déçues de ne pas entendre un mot sur l’aide alimentaire lors du dévoilement du budget provincial.
«Avec ce qui se dit dans les médias sur l’alimentation des jeunes dans les derniers jours, on aurait pu penser que le gouvernement profiterait de l’occasion pour en parler», souligne Mme Roussel.
Pour sa part, Diane Dion n’approuve pas la décision du gouvernement de verser des sommes importantes à des organismes précis, «même si leur mission est des plus louables».
«C’est bien d’investir en santé et en relation d’aide, mais tous ces services sont interconnectés avec l’aide alimentaire. Si les gens ont le ventre vide, ils vont davantage solliciter les autres domaines», lance-t-elle.
Bien qu’elle se réjouisse de la bonification du financement à la mission octroyée au milieu communautaire, la directrice générale du Pignon Bleu soutient que le manque d’appui financier récurant complique la tâche des organisations.
«On doit miser sur un maximum de dons pour offrir une sécurité alimentaire à ceux qui font appel à nous. Plus de 40% de nos demandes d’aide proviennent de travailleurs qui n’ont plus les moyens d’aller à l’épicerie parce que le coût du panier est exorbitant et ils sont de plus en plus nombreux.»