Un avocat doit composer avec une poursuite pour le retrait de murs coupe-feu d’un immeuble du Vieux-Montréal, tout près de celui qui a brûlé la semaine dernière, afin d’augmenter la capacité de location sur Airbnb.
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Quatre locataires d’un immeuble situé sur la rue Notre-Dame Ouest ont déposé en 2021 une poursuite au palais de justice de Montréal dans laquelle ils réclament en tout 330 000 $. Ils visent une firme d’investissement immobilier présidée par un avocat montréalais du nom d’Émile Fattal.
Selon leurs allégations, la firme aurait exploité illégalement des appartements pour de la location à court terme sur Airbnb, qui leur aurait rendu la vie impossible et mis leur sécurité en danger.
« Le 14 septembre 2019, des rénovations aux portes coupe-feu ont lieu [...] afin d’agrandir les logements et d’augmenter leur capacité. Ces rénovations détruisent les murs des portes coupe-feu avoisinant le logement du demandeur », allègue notamment un des locataires, Éric Pelletier, dans le recours.
L’immeuble est situé dans le même quartier très touristique où un tragique incendie a fait deux morts et cinq disparus, jeudi.
Odeur de fumée
En juin 2018, une odeur de fumée s’était déjà répandue dans l’immeuble, selon un autre locataire, James Peters.
Ce dernier dit avoir dû appeler le 911 pour éviter un incendie. La visite des pompiers aurait révélé que la fumée était la conséquence d’un cigare laissé allumé dans un bac à fleurs rempli d’engrais, dans un logement.
Ce n’est pas tout, car une « accumulation de déchets et de neige » aurait aussi bloqué la porte sur la ruelle arrière, « nuisant ainsi à la sécurité du demandeur qui ne peut utiliser la porte comme sortie de secours en cas d’incendie », est-il allégué.
- Écoutez l'entrevue avec l’inspecteur David Shane, responsable des communications et porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal à l’émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 13 h via QUB radio :
Montréal était au courant de ces activités interdites et une employée de la Ville aurait produit en 2020 une déclaration à cet effet, selon la poursuite.
Le propriétaire de l’immeuble aurait nié l’existence de problèmes avec des visiteurs touristiques, selon les allégations.
Il aurait aussi été bien au fait des activités de location à court terme, puisque des baux précisaient que la location sur Airbnb était prévue.

Capture d'écran d'une pièce déposée dans un dossier de cour
On peut lire en anglais dans le passage surligné sur un bail déposé en preuve que la location à court terme sur Airbnb était prévue et que, pour cette raison, il aurait échappé à la juridiction du Tribunal administratif du logement.
Animaux morts
Bien d’autres nuisances sont recensées dans le recours. Des locaux auraient été annoncés sur Airbnb pendant la pandémie comme étant parfaits pour accueillir des groupes.
Des restes d’animaux morts dans les murs auraient attiré des mouches et des coquerelles dans un appartement.
En mai 2022, la firme de l’avocat a demandé à ce que soient retirées du recours judiciaire certaines allégations, disant notamment qu’il s’agissait de ouï-dire.
En octobre 2021, elle a aussi rejeté tout le blâme sur les locataires qui sous-louaient sur Airbnb, arguant que, s’il y avait eu des dommages, ces derniers devaient être tenus seuls responsables. La défense complète de la firme n’a pas encore été produite en cour.