Le budget Girard semble avoir creusé un fossé entre Québec et les villes. Critiqué par les élus municipaux en raison des minces investissements pour le logement social, le gouvernement Legault plaide qu’il en fait assez pour répondre à leurs besoins.
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Le gouvernement de la CAQ persiste et signe au lendemain du dépôt de son budget : l’argent est au rendez-vous pour la construction de logements sociaux.
«Nous, on pense qu’on en a assez. Il faut y aller méthodiquement», a affirmé le ministre de l’Économie, responsable de la Métropole, Pierre Fitzgibbon, plaidant qu’il faut travailler avec la ville de Montréal.
Questionné sur les critiques des municipalités, le premier ministre François Legault a soutenu qu’il a «besoin de l'aide des municipalités» afin de relever le défi des délais de livraison de logements sociaux.
«Charité»
Mercredi, la mairesse Valérie Plante a affirmé que le gouvernement ignore la crise du logement. «Les sommes annoncées hier [mardi] sont nettement insuffisantes», a-t-elle critiqué, dénonçant que le logement social soit perçu comme de la «charité», alors qu’il affecte «du vrai monde.»
La ministre responsable de la Solidarité sociale et députée de Pointe-au-Tremble, Chantal Rouleau, a affirmé que «Mme Plante veut toujours plus d’argent.»
«Chacun sa perception. Moi je vous parle d’un milliard, il y a de l’argent pour Montréal là-dedans. Il y a 88 millions pour faire avancer des projets qui sont sur la planche à dessin depuis trop longtemps», a ajouté la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.
La députée d’Anjou-Louis-Riel, Karine Boivin Roy, a aussi indiqué que «la Ville de Montréal a également une responsabilité à livrer les projets de logement en attente, notamment dans la délivrance des permis.»
Cependant, les critiques ne viennent pas que de Montréal.
Bruno Marchand à Québec dénonce aussi l’absence de mesure spécifique pour sa ville en matière de logement. «Mon indignation va venir si on ne vient pas à donner la part du gâteau qui revient à Québec», a-t-il dit.
France Bélisle à Gatineau trouve que le budget est «timide» et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a indiqué être restée sur son appétit.
Assez d’argent
Le ministre des Finances, Eric Girard, a indiqué qu’il entend les critiques des maires, mais a réitéré que les sommes sont suffisantes et que les logements promis seront construits.
«Nous, ça nous fait plaisir de travailler les villes», a-t-il assuré, défendant son nouveau programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) qui remplacera AccèsLogis.
Le budget prévoit 1500 nouveaux logements sociaux. «Il y a eu 3000 unités qui ont été annoncées à la mise à jour, 1700 six mois avant, alors ça fait 6000 unités du nouveau programme qui sont en livraison», a plaidé le ministre des Finances.
«Je pense que c’est un excellent budget en matière d’habitation. Je suis très contente de la marge de manœuvre que j’ai eue», a mentionné la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.
Oppositions fâchées
«Le gouvernement fait comme s'il n'y avait pas de crise de logement, une crise que tous les gens vivent tous les jours, et les maires et mairesses sont les premiers en première ligne à voir les conséquences de cette crise», a critiqué le solidaire Harroun Bouazzi, signalant que ce budget ne répond pas aux attentes.
«Loger des gens, bien, c'est non seulement de la dignité, mais une fois que tu es logé, tu peux commencer à t'organiser pour travailler, socialiser davantage», a ajouté le péquiste Pascal Bérubé.
«Au niveau du logement, grande déception... Particulièrement la crise du logement social. On voit que, dans le budget, c'est nettement insuffisant et à courte vue», a signalé le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.