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Le terme «caca de chien» a résonné à plusieurs reprises devant la Cour suprême des États-Unis

Le terme «caca de chien» a résonné mercredi à plusieurs reprises devant la très vénérable Cour suprême des États-Unis, dont les juges ont paru déroutés par l'objet soumis à leur sagacité: un jouet canin qui détourne les codes visuels de la célèbre marque de whiskey Jack Daniel's.

Ce joujou à mâchouiller, baptisé «Bad Spaniels» (épagneul méchant), est commercialisé par l'entreprise VIP Products. Il a la forme distinctive des bouteilles carrées à étiquette noire de la distillerie, accompagné de blagues scatologiques.

Là où le whiskey du Tennessee affiche un taux d'alcool de 40%, le Bad Spaniels est - prétendument - fait à «43%» de déjections canines et risque de finir sur «les moquettes du Tennessee».

Déplorant une atteinte à son image, le fabricant de bourbon a attaqué la compagnie VIP en justice au nom de la protection des marques déposées. Après plusieurs rebondissements, la Cour suprême a décidé de s'en saisir.

L'affaire présente «des questions importantes pour le Premier amendement» de la Constitution, garant de la liberté d'expression, a justifié le magistrat Samuel Alito lors de l'audience.

Les neuf Sages doivent en effet dire si le détournement d'une marque à des fins humoristiques peut être considéré comme relevant de ce droit à s'exprimer et donc déroger aux règles sur la propriété intellectuelle.

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VIP, qui vend également de fausses canettes de «Canine Cola», s'abrite en effet derrière le droit à la parodie, qui autorise des entorses au respect des droits d'auteur dans la sphère culturelle.

«On se moque de marques qui se prennent trop au sérieux», «qui se prennent pour des icônes culturelles», a expliqué son avocat Bennett Cooper à la haute Cour.

«Super idée»

La juge Elena Kagan n'a pas semblé convaincue. «Peut-être que je n'ai pas d'humour, mais en quoi est-ce une parodie?», a-t-elle demandé. «Vous dîtes juste que, par définition, les grandes entreprises se prennent trop au sérieux...»

Pour l'avocate de Jack Daniel's, Lisa Blatt, la question n'est pas de comprendre la parodie ou de savoir si elle est drôle. Mais il faut que ce soit «clair que l'entreprise ayant la marque déposée n'a pas fait elle-même la blague», a-t-elle plaidé.

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Or, dans ce dossier, a-t-elle estimé, il y a un risque de «confusion» chez les clients.

Cette fois, c'est Samuel Alito qui a affiché son scepticisme. «Vous croyez vraiment qu'une personne raisonnable pourrait penser que Jack Daniel's a approuvé» ce produit?», s'est-il étranglé avant d'imaginer une scène où un employé viendrait proposer au patron du groupe de vendre un jouet pour chien en prétendant qu'il est rempli d'urine et «le PDG répondrait: c'est une super idée!»

«Vous êtes allé en fac de droit, vous êtes intelligent, analytique...», a rétorqué Me Lisa Blatt. «Je suis allé en fac de droit et je n'ai pas appris beaucoup de droit», a répliqué le juge. «Mais j'ai eu un chien, je m'y connais un peu, en chiens...»

La haute juridiction doit rendre sa décision avant le 30 juin.

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