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Futurs médecins: la médecine familiale encore boudée au Québec

Les étudiants en médecine ont encore boudé la médecine familiale dans le choix de leur spécialité, cette année.

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Les étudiants en médecine ont encore boudé la médecine familiale dans le choix de leur spécialité, cette année.

Alors que des milliers de Québécois doivent encore patienter des années avant d’avoir un médecin de famille, les étudiants en médecine continuent de bouder cette spécialité, et 99 postes sont demeurés vacants après le premier tour de sélection.  

«C’est extrêmement inquiétant, réagit le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Force est de constater que la lourdeur du travail sur le terrain est trop considérable.» 

Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec

Joël Lemay / Agence QMI

Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec

Chaque année, les étudiants qui terminent leur doctorat en médecine doivent faire un choix de spécialité via le Service canadien de jumelage des résidents (Carms). Après le premier tour, dont les résultats ont été dévoilés hier, 99 postes en médecine familiale sont demeurés vacants dans les quatre universités du Québec. Cette année, 514 postes étaient disponibles selon la FMOQ. 

Postes vacants au Québec en médecine familiale:

Université de Sherbrooke: 38

Université de Montréal: 27

Université Laval: 26

Université McGill: 8

Total: 99

Source: Service canadien de jumelage des résidents (Carms)

  •  Écoutez l'entrevue d'Isabelle Maréchal avec Dre Christiane Laberge, spécialiste en médecine familiale sur QUB radio : 

Une spécialité boudée

La situation est loin de s’améliorer, puisqu’il y avait eu 98 postes vacants l’an dernier, après le premier tour.   

«Tout le monde doit être extrêmement préoccupé par le fait qu’année après année, la médecine familiale est toujours un deuxième choix, réagit la Dre Pascale Breault, directrice médicale du GMF universitaire d’Hochelaga-Maisonneuve. Ça me fait de la peine de voir que ma spécialité n’attire pas.»

En comparaison, seulement 12 postes dans toutes les autres spécialités sont demeurés vacants au Québec. 

Postes vacants dans les autres spécialités au Québec

Médecine interne: 11 à l’Université Laval

Anesthésie: 1 à l’Université McGill 

C’est donc dire que 90% des chaises vides après le premier tour de sélection sont en médecine familiale. Pourtant, la FMOQ reconnaît que le discours ambiant est plus positif à l’égard des médecins de famille depuis quelque temps. On aurait espéré que ça se répercute dans l’attractivité de cette spécialité. 

«Je m’attendais à une certaine amélioration, avoue le Dr Amyot. Mais je suis surpris... oui et non. Les médecins sur le terrain nous le disent que c’est difficile.» 

Selon le syndicat, ce résultat n’aidera en rien à trouver une solution à la pénurie d'au moins 1100 médecins de famille au Québec. Rappelons par ailleurs que le quart des omnipraticiens sont âgés de plus de 60 ans. Selon Dre Breault, ce manque d’attractivité est d’autant plus problématique avec le vieillissement de la population. 

«L’avenir c’est nous autres. (...) C’est nous qui allons dans les maisons avec les infirmières pour offrir les soins à domicile ou pour éviter que des gens aillent dans les urgences», souligne celle qui forme des étudiants.  

Parmi les facteurs qui nuisent à cette spécialité, la FMOQ note la lourde charge administrative (25% du temps de travail), les heures obligatoires à l’hôpital ou en CHSLD ainsi qu'un revenu qui est jusqu’à 50% moins élevé que celui des autres spécialités.

«On a beau dire qu'on va supporter les médecins dans leur travail quotidien, le personnel pour nous aider dans les GMF tarde à venir! constate Dr Amyot. Les étudiants font des stages, ils comparent et voient la différence.»

Dans le reste du Canada, 171 postes en médecine familiale n’ont pas été choisis. Globalement, 77% des postes vacants au pays touchent cette spécialité. Un deuxième tour de sélection aura lieu dans les prochaines semaines, ce qui devrait permettre de pourvoir certains postes. Le Dr Amyot se désole toutefois que les étudiants vont prendre ces postes comme un choix secondaire.

 «Vont-ils être heureux? C'est toujours ce qui m’attriste un peu», dit-il. 

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