Une garderie insalubre qui collectionnait les plaintes et les reproches a été tolérée pendant plus de dix ans par le gouvernement, une situation «totalement intolérable», a reconnu la ministre Suzanne Roy qui ne renouvellera jamais le permis d’opération de cet établissement.
• À lire aussi: Québec a toléré une garderie insalubre pendant des années
«Cette garderie-là est en demande pour renouveler son permis. Ça prend l'autorisation ministérielle et je peux vous dire qu'aujourd'hui je ne signerai jamais le renouvellement de cette garderie», a affirmé la ministre de la Famille.
«Sincèrement, je ne peux pas dire que j’étais très contente quand j’ai vu ça ce matin, et je peux vous assurer que je vais revirer toutes les pierres pour m’assurer que ça ne se reproduise plus jamais», a-t-elle également lancé, jeudi matin, à son entrée au Salon bleu.
Elle réagissait alors à la révélation du «Journal» selon laquelle une garderie de Mascouche est demeurée ouverte jusqu’en février dernier, malgré le fait qu’elle a reçu 45 plaintes au ministère de la Famille et fait l’objet de 52 inspections depuis 2012.
Les inspecteurs ont notamment observé une «accumulation de saleté de niveau très élevé», des fourmis et des coquerelles mortes sur le plancher, et des excréments s’apparentant à ceux de rongeurs dans un berceau.
- Écoutez l'entrevue avec Suzanne Roy, ministre de la Famille à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée chaque jour en direct 13 h 35 via QUB radio :
Des enjeux quant à la sécurité des enfants ont aussi été relevés. En décembre 2020, un enfant aurait été attaché sur une chaise pour l’isoler.
La garderie a finalement mis la clef dans la porte en février, après que le gouvernement a décidé en novembre 2022 de ne pas renouveler le permis du milieu de garde qui arrivait à échéance.
Suzanne Roy veut maintenant «vérifier exactement ce qui s’est passé dans ce dossier», notamment pour faire en sorte qu’il «n’y ait pas de délais aussi longs d’intervention».
«On a le personnel nécessaire, on a les inspecteurs en place, donc on va faire le travail nécessaire», a-t-elle affirmé, précisant qu'elle s'assurera qu'une telle situation ne se reproduise plus jamais.
Quand on lui a demandé si des têtes allaient rouler dans ce dossier, Mme Roy a répondu qu’elle allait d’abord «vérifier les faits».
Elle espère d'ailleurs qu'il s'agissait d'un cas isolé.
«Si ce ne l’est pas, c'est justement d'autant plus pertinent d'enquêter en profondeur pour trouver comment on va mieux faire», a-t-elle dit.
Les oppositions fustigent le gouvernement
«Les ministres Lacombe et Roy avaient les preuves en main, alors je me demande sincèrement pourquoi attendre avant de fermer cette garderie», s’est insurgée, pour sa part, la députée libérale Brigitte Garceau dans un message publié sur les réseaux sociaux.
En point de presse au Parlement, la porte-parole du Parti Québécois, Méganne Perry-Mélançon, a quant à elle fait valoir que cette situation «pose de sérieuses questions».
«On est toujours inquiets de la sécurité et de la santé des tout-petits», a-t-elle dit.