L’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien, ne croit pas que le dossier de l'ingérence chinoise alléguée dans les élections fédérales représente un dossier qui mérite l'attention d'une commission d'enquête publique et indépendante, comme le réclament unanimement les partis d'opposition.
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«Écoutez, je ne pense pas que ce soit un gros problème», a avancé M. Chrétien, à l’occasion d’une entrevue avec Paul Larocque, à l’émission «Le Bilan».
«Mais là, est-ce que l’ambassadeur de la Chine, ou le consul de la Chine se promenait avec des enveloppes puis du cash dedans?», s’interroge-t-il, dubitatif, avant d’ajouter: «Les Chinois font un effet dans 10 ou 15 comtés au Canada maximum, alors je ne pense pas que ce soit un très gros problème.»
Interrogé quant à la volonté des oppositions qu’une commission d’enquête soit ouverte, M. Chrétien note que celles-ci remplissent simplement leur mandat de s'opposer au gouvernement en place.
«Est-ce qu’on a besoin d’une enquête? Je ne pense pas que c’est un problème majeur; si c’est le plus gros problème qu’on a au Canada aujourd’hui, on est en bonne santé», avance-t-il.
Visite de Joe Biden
Alors que le président des États-Unis, Joe Biden, est en visite au Canada, M. Chrétien dit n’avoir pas de conseils à donner à Justin Trudeau.
«S’il a besoin de mes conseils, il va m’appeler, mais il ne m’appelle pas [...]. Il est le premier ministre, moi je n’ai plus d’affaire avec ça», explique-t-il.
L’ancien premier ministre du Canada se souvient néanmoins avoir lui-même reçu des présidents américains, et avoir dû négocier avec eux.
«Moi, j’ai reçu six fois les présidents au Canada. J’ai reçu quatre fois Bill Clinton, j’ai reçu deux fois George W. Bush, et bon, c’est très plaisant, on les rencontre et tout ça, mais la nature des problèmes ne change pas parce qu’ils visitent... les problèmes sont là, et c’est la même chose quand on les voit en personne», détaille-t-il.
M. Chrétien rappelle par ailleurs que les chefs d’État se voient fréquemment, que ce soit à l’OTAN, à l’ONU, au G8, ou au G7, donne-t-il comme exemple.
À l’époque, M. Chrétien était parvenu à se faire respecter de ses homologues américains, et notamment de M. Clinton, qui reconnaissait sa grande expertise.
«Il avait dit que j’étais celui, à l’entour de la table, qui avait le plus d’expérience. L’avantage que j’avais, vis-à-vis ces collègues-là, c’est que j’avais été ministre 20 ans, plus trois ans chef de l’opposition. Alors j’en avais vu des vertes et des pas mûres», a relaté l’ancien premier ministre.
Malgré les affinités qui peuvent exister – et même aider, fait remarquer M. Chrétien -, les élus représentent d’abord et avant tout leurs concitoyens, et doivent à cet égard privilégier leurs intérêts.
«Évidemment, son mandat [au président des États-Unis], ce n’est pas de faire plaisir, mais de protéger les intérêts des Américains. Et nous, c’est de protéger les intérêts des Canadiens», explique-t-il.
Visionnez l’intégralité de l’entrevue de Jean Chrétien dans la vidéo ci-dessus.