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L’Agence Santé-Québec: un premier pas dans la bonne direction

Photo fournie par Yves Lamontagne

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé, annonce la création de l'Agence Santé-Québec. Bien plus, M. Legault parle de la nouvelle agence comme d'un « Hydro-Santé ». 

En 2001, j'ai été le premier à suggérer de créer « l'Hydro-Santé ». Cette idée m'était venue lors d'une rencontre avec le PDG d'Hydro-Québec d'alors, André Caillé. Celui-ci me faisait remarquer que, comme Hydro-Québec, le système de santé devait fournir des services jour et nuit, 365 jours par année et faire face aux nombreuses crises de verglas que sont les engorgements dans les urgences, principalement en hiver. Par contre, en santé, les gestionnaires gèrent des dépenses alors que l'entreprise d'État génère des revenus, ce qui lui permet de croître. En santé, pour croître, il faut sabrer dans les dépenses.

« L'Hydro-Santé » serait formée de gestionnaires « top guns » comme le dit le ministre maintenant, nommés et non élus qui géreraient la « santé » et feraient en sorte que les décisions d'organisation soient prises par des gens indépendants de la politique.

Gestion parapublic

En énonçant ce concept, je ne rêvais pas en couleur. Je savais bien que les politiciens n'accepteraient jamais de céder plus de 40% d'un budget avec lequel ils gagnent leurs élections.

En fait, il ne s'agit pas de céder un budget, mais plutôt de le faire administrer par un organisme parapublic, sans lien avec la politique, comme cela se fait dans bien d'autres domaines reliés à l'État, telles l'assurance-automobile, la santé et la sécurité au travail ou l'énergie électrique. Mon but était, et est toujours, d'inciter à la réflexion sur d'autres façons d'agir et de faire avancer les choses.

Au moins, avec l'Agence Santé-Québec, le ministre Dubé applique la 31ième recommandation de la commission d'étude sur les services de santé et les services sociaux (Commission Clair) : « Que le gouvernement confie à un groupe de travail le mandat de le conseiller sur diverses options, notamment, le renouvellement du ministère, la création d'une agence nationale et toute autre proposition visant à adapter la gouverne nationale aux défis de l'avenir; que ce groupe de travail soit composé d'administrateurs publics reconnus, de gestionnaires expérimentés du monde des affaires, de professionnels de la santé et de citoyens. »

Libérer la gestion du système

Je crois toujours qu'il faut libérer la gestion du système de sa bureaucratie et des influences politiques à courte vue; plus simplement, il faut dépolitiser la gestion des services de santé. Bref, les gouvernements doivent établir des politiques de santé et arrêter de faire de la politique avec celle-ci.

Le ministère de la santé doit cesser de « faire » et de « ramer » pour se mettre à « penser » et à « tenir le gouvernail ».

Dorénavant, aucun gouvernement au monde ne pourra assumer seul les services de santé offerts à la population. Il me semble que certaines solutions pratiques comme « l'Hydro-Santé » nous aideraient à améliorer le financement et l'organisation du système de santé qui en ont grandement besoin. L'Agence Santé-Québec est un premier pas dans la bonne direction.

Yves Lamontagne, md, Ex-Président du Collège des médecins du Québec

référence : Lamontagne, Y; Et si le système de santé vous appartenait? Québec-Amérique, 2006, 114 pages.

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