À une semaine de la saison de pêche au crabe des neiges, les transformateurs du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse se sont entendus, vendredi, sur un prix à quai provisoire de 2,25 $/lb à 2,50 $/lb, selon que la ressource soit conservée dans une cale à glace ou une cale d’eau à bord des navires de pêche.
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Les informations qui circulent depuis Boston, plaque tournante du marché, font état d’une chute de prix de plus de moitié depuis un an.
Les sections de crabe de cinq à huit onces qui valaient 16 $ US/lb en janvier 2022 ne se transigent plus qu’entre 5,75 $/lb et 6 $/lb, et ce, en raison de quantités importantes de produits restés en inventaire.
«Il y a plus d’inventaires qu’on ne le pensait, sur le marché présentement, indique Jean-Paul Gagné, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP). En Floride, il n’y a pas longtemps, on vendait du crabe de 2021. Et il y a tellement de crabes en stock à Boston qu’ils sont rendus qu’ils sont obligés de l’entreposer à Chicago. On n’a jamais vu ça!»
Rappelons qu’en début de saison 2022, le prix du crabe des neiges du Canada atlantique variait entre 8,25-8,75 $/lb et qu’il était ensuite successivement passé à 7,50 $/lb et 6 $/lb.
«L’an dernier, on a eu une saison désastreuse pour les entreprises de transformation, et ça n’aurait pas d’allure d’opérer à déficit une deuxième année consécutive, argumente M. Gagné. Il n’y a pas juste la question de faire des déficits, il y a aussi la question que les banques commencent à être frileuses.»
Le prix provisoire sera maintenu tout au long de la saison et sera ajusté à la hausse en fin de saison, si les conditions de marché le permettent et selon la capacité de chacun des acheteurs, précise pour sa part Gilles Thériault, président de l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick.
«Cependant, si le marché devait s’effondrer davantage, on pourrait revoir le prix vers le bas en cours de saison. On ne le pense pas et on ne le souhaite pas, mais on limite le risque», dit-il.
De son côté, le capitaine du Marc-Olivier des Îles-de-la-Madeleine, Marco Turbide, affirme que c’est à reculons qu’il tendra ses cages ce printemps.
«D’anticiper un prix de seulement deux ou trois dollars la livre, ça ne donne pas d’ambition, commente-t-il. Ce n’est pas le fun. Pour les pêcheurs qui, comme moi, ont un fort endettement et qui ont fait des pertes importantes l’an dernier en raison de crabe resté impayé, il n’y a pas de rentabilité à prévoir pour 2023. Si on s’était plutôt entendu sur 4 $/lb, je serais bien heureux!»

Hélène Fauteux/Agence QMI
Le capitaine du Cap Adèle, Marcel Cormier, convient que le crabe a été payé trop cher au débarquement l’an dernier, étant donné l’effondrement de la demande.
«Et c’est pour ça qu’il en est resté en inventaire, dit-il. C’est ça qui arrive. Mais quand bien même que le prix du crabe va baisser, ça ne baissera pas le prix du fuel, de la boëtte, de la nourriture et des matériaux. Ça ne sera pas jojo!»
La saison de pêche au crabe des neiges doit débuter le 29 mars dans la zone 17 de l’estuaire du Saint-Laurent, puis au cours des jours suivants dans le Golfe et sur la Côte-Nord.