Le budget 2022-2023 du ministre des Finances veut promouvoir une « Québec engagé » mais ne comporte aucune mesure qui mobiliserait les communautés vers la création de projets de solidarité commune, notamment en matière de créations de logements sociaux et abordables.
C’est pourquoi je suggère un chantier, « une corvée habitation communautaire 2.0 » comme ce fut le cas au début des années 1980 lorsque les taux d’intérêt atteignaient les 20% et que les logements et les propriétés étaient devenus inabordables.
Cette corvée répondrait en partie à la pénurie chronique de logements dans le contexte spéculatif actuel où il semble difficile de sortir de la simple rectitude comptable sans espoir de voir des changements à moyen et long terme. Pensons à l’expulsion de locataire par les « rénovictions », à la transformation de logements en « Airbnb » pour touristes et à la spéculation favorisant essentiellement la construction de condos de luxe sur les parcours de transport en commun tel le REM à Montréal et le tramway à Québec.
Offre insuffisante
En période de crise du logement (rareté et coût élevé de construction), il faut chercher une voie de passage hors de notre zone de confort afin de mobiliser les forces vives de nos concitoyens et de notre économie québécoise sur des priorités collectives ou tous peuvent contribuer. C’est pourquoi je propose à l’instar du budget du ministre des Finances, « un Québec engagé » auprès des plus démunis facilitant à la fois l’accès à un logement abordable dans un contexte où les terrains et bâtiments religieux sont inoccupés et qui recherche une nouvelle vocation que je souhaite de type « communautaire ».
Les constats sont implacables : l’offre du gouvernement du Québec en matière de logement social et abordable est nettement insuffisante, soit le financement de 5200 logements sur 5 ans alors que les simples besoins des villes de Québec (500 unités) et Montréal (2000) sont de 2500 par année à elles seules sans compter les besoins des autres régions du Québec. Il existe bien sûr divers programmes, mais ceux-ci sont embourbés dans les bureaucraties provinciales et municipales qui créent un goulot d’étranglement rendant ainsi impossible la construction de logements sociaux et abordables, l’inflation étant un frein à toute initiative faute de terrains accessibles ou de coûts de construction hors des normes établies.
Deuxième vie aux bâtiments religieux
Ne pourrions-nous pas lancer un programme du type « corvée habitation » structurant comme en 1982-85, en planifiant à moyen et long terme la construction de logements abordables sur des terrains appartenant à des communautés religieuses ou des églises fermées et en décrépitudes faute de vocation? Comment y parvenir? En municipalisant les terrains des églises et des communautés religieuses qui sont voués à la vente compte tenu du déclin de la pratique religieuse au Québec. Ces terrains et bâtisses inoccupés sont situés souvent au cœur des villes ou villages du Québec dans des endroits centraux faciles d’accès.
Le gouvernement du Québec devrait mandater la Société d’habitation du Québec (SHQ), l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Fédération des municipalités du Québec (FMQ) ainsi que le Conseil du patrimoine religieux du Québec pour lui brosser un portrait des capacités d’aménagement de logements sociaux et abordables sur leurs territoires à partir des édifices et terrains religieux inoccupés (églises, presbytères et couvents, etc.).
Par la suite, un sommet réunissant tous les partenaires concernés pourrait mettre en branle sur une période de 10 ans un programme « corvée-habitation communautaire » de conversion des terrains et bâtisses religieuses inoccupées » afin de permettre notamment aux citoyens démunis (personnes âgées, nouveaux arrivants, itinérants, bénéficiaires de l’aide sociale) de se loger décemment. Sommes-nous prêts à relever collectivement un tel défi? Oui, si le Québec s’y engage!

Photo fournie par Jean Baillargeon
Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique