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Fermeture du chemin Roxham: des moyens de contourner l'Entente ?

36h après la fermeture du chemin Roxham, passage emprunté par des milliers de demandeurs d’asile pour traverser la frontière, la route est beaucoup plus tranquille que la veille. Mais de nouvelles angoisses habitent ces personnes sans statut. Une avocate en droit de l’immigration nous éclaire sur le sujet.

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Depuis dimanche matin, des demandeurs d’asile ont été aperçus au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle. Selon les images tournées par TVA Nouvelles, ces personnes ont été vues en train de récupérer leurs valises pour ensuite embarquer dans un bus. Leur destination n’est pas connue. 

Les migrants sont encore pris en charge par les autorités canadiennes. Depuis samedi, lorsqu'une personne traverse la frontière illégalement, elle est arrêtée par la GRC et un douanier jugera si elle peut faire une demande d'asile sous certaines exceptions.

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«Les exceptions sont très restreintes malheureusement. On parle de membres de la famille, mais de manière restreinte, c’est-à-dire, père, mère, grand-père, grand-mère, oncle , tante, frère, sœur, neveu et nièce», explique Stéphanie Valois, avocate en droit de l’immigration.

«Il y a certaines restrictions sur le statut de la personne au Canada. Il faut que ce soit un citoyen canadien, un résident permanent ou une personne dont la demande d’asile a été déférée. Pour les mineurs non accompagnés, on peut les laisser entrer si leurs membres de la famille ne sont ni aux États-Unis ni au Canada», précise-t-elle. 

Rappelons que le chemin Roxham a fermé samedi à minuit dans le cadre de l’Entente Canada-États-Unis sur les tiers pays sûrs, qui s’applique à l’ensemble de la frontière terrestre séparant les deux pays. 

«La loi, ou l’Entente mentionne qu’une personne pourra demander un statut de réfugié si elle peut faire la preuve qu’elle est au Canada depuis plus de 14 jours. C’est là la préoccupation. Une personne qui va vouloir traverser la frontière à un autre endroit que Roxham sans se faire pincer va probablement utiliser les services des passeurs, ce qui est dommage, puisqu’on voulait s’en débarrasser en fermant Roxham. À notre avis, ça va augmenter. La personne va aussi devoir se cacher des autorités canadiennes pendant deux semaines, ce qui est beaucoup, pour faire la preuve qu’elle est entrée au Canada depuis deux semaines ou plus pour faire sa demande d’asile par la suite», détaille l’experte en immigration. 

À la suite de la fermeture du chemin Roxham, TVA Nouvelles a appris que de nombreux migrants planifient de passer la frontière incognito, signifiant qu’ils prendront plus de risques. De cette façon, ils peuvent avoir un avantage pour faire une demande d'asile s'ils ne sont pas arrêtés. 

«Oui, certainement le mot circule, et les gens sont très créatifs de la manière qu'ils vont essayer de rentrer. Malheureusement, ceux qui vont en profiter, ce sont les passeurs. Les prix vont certainement augmenter. La question sera: comment démontrer que nous sommes ici depuis au moins 14 jours? Donc, c'est là que la créativité va se faire. Donc, il est possible qu'il y ait d'autres systèmes pour cacher des gens ici au Canada qui vont se développer à un prix. Et je n’aimerais pas être celui qui va leur dire de ne pas le faire. Malheureusement, quand vous êtes pourchassé et que vous avez craint, si le Canada représente la meilleure des alternatives, ils vont tout faire pour venir ici», détaille Frantz André du comité d’action des personnes sans statut. 

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