Un homme de Québec a été condamné à 30 mois d’emprisonnement pour des agressions sexuelles commises sur la fille d’un de ses meilleurs amis, durant l’été des 18 ans de la jeune femme.
• À lire aussi: Violence conjugale: il écope de 4 ans et demi de détention
La victime venait tout juste d’avoir 18 ans lorsque s’est pointé l’été 2018, un été qui devait être festif. Pour la première fois, finis les jeux d’enfants quand elle va au chalet de ses parents, elle pouvait enfin participer aux discussions d’adultes autour du feu et lors des sorties en bateau.
Et ces activités étaient monnaie courante pour la famille qui possédait un chalet sur une ZEC (zone d’exploitation contrôlée). D’ailleurs, l’un des meilleurs amis de son père possédait le chalet voisin. Depuis son enfance, cet homme qu’elle considérait comme un membre de la famille l’avait vu grandir et avait multiplié les activités avec la jeune femme.
Jusqu’à l’été 2018.
Jusqu’au moment où il l’a agressé.
Vie brisée
Au départ, ce sont les propos de nature sexuelle, les allusions peu subtiles. Puis, alors que la jeune fille le reconduit à son chalet en VTT après une soirée arrosée, l’homme, qu’on ne peut identifier pour protéger l’identité de la victime, glisse sa main sous son chandail et lui touche les seins.
Puis, quelques semaines plus tard, en pleine sortie sur un ponton, alors que sa conjointe des 25 dernières années se trouve tout près, il glisse sa main dans la culotte de la jeune femme, caché par la couverture qui la réchauffait.
Les gestes intrusifs se sont succédé, culminant à une agression complète au début du mois de septembre 2018. Après une nuit où la jeune femme a dormi au chalet de son agresseur, ne craignant rien puisque la conjointe de celui-ci se trouvait aussi dans la maison, elle se réveille avec l’individu dans sa chambre. Il baisse son pantalon avant de quitter aussitôt.
Lorsqu’elle descend au salon, la victime réalise qu’elle est finalement seule avec l’homme. Celui-ci s’approche et descend son legging, puis sa petite culotte.
«Elle est figée, ne réagit pas, ne dit rien. Elle tire son chandail sur son ventre et le tient à deux mains pour se protéger», a relaté lundi le juge Steve Magnan en décrivant le total de sept événements lors du prononcé de la peine. «Elle ferme les jambes, mais l’accusé les ouvre de force.»
À ce moment, celui en qui elle avait confiance, qu’elle considérait comme un oncle, a fait basculer sa vie. L’homme, de 37 ans son ainé, lui a léché les parties et l’a pénétré, la brisant pour le reste de ses jours a insisté le juge Magnan.
«Une partie de sa vie est brisée. Elle dit qu’elle va essayer de survivre en apprenant à vivre avec ce mal qu’elle porte en elle.»
«Tourment insoutenable»
Reconnu coupable au terme d’un procès où il a nié avoir agressé la jeune femme, l’homme plaidait plutôt une relation extraconjugale provoquée par du flirt, de la séduction mutuelle.
Une théorie que le juge Magnan a balayée du revers de la main.
«L’accusé a profité du lien privilégié qu’il entretenait avec elle pour, en premier lieu, aborder un sujet à caractère sexuel et ensuite la toucher sans son consentement. Puis, comme elle ne le dénonçait pas, il s’est permis de poursuivre de façon plus intrusive ses agressions», a déploré le magistrat, soulignant que la victime était ainsi placée dans un «tourment insoutenable», obligée de choisir entre dénoncer le meilleur ami de son père ou «se taire et souffrir en silence».
Quant à la peine de 30 mois, le juge Magnan a expliqué qu’elle s’inscrivait dans la jurisprudence découlant d’infractions semblables. La défense réclamait une peine de 18 mois de détention, tandis que la procureure de la poursuite, Me Geneviève Corriveau, suggérait quatre ans.
«La fourchette de 12 à 18 mois est généralement infligée [...] à des infractions commises lors d’un seul événement. Le tribunal est d’avis que les agressions sexuelles commises par l’accusé, leur nature, leur répétition et l’exploitation de la confiance de la victime placent l’accusé face à une autre catégorie de sanction», a expliqué le juge.
Pas terminé
Même s’il a pris le chemin de la détention lundi, le dossier de l’accusé n’est pas pour autant terminé, lui qui a porté le verdict de culpabilité du juge Magnan en appel. Son avocat pourrait donc déposer une requête pour qu’il puisse être libéré en attendant la décision d’appel.
Malgré tout, sa victime, maintenant âgée de 22 ans, s’est dite soulagée d’avoir enfin franchi cette étape qu’elle attend depuis le jour où elle s’est résignée à plonger dans le vide et à dénoncer les agressions. Une décision qu’elle ne regrette aucunement, malgré les délais, le stress et les larmes accumulées depuis.
«J’ai pensé souvent à lâcher. Mais j’aurais regretté de ne pas l’avoir fait, d’avoir abandonné [durant le processus]. Ça me prouve à moi-même que je suis plus forte que je le pensais», a-t-elle confié au Journal à sa sortie de la salle du palais de justice de Québec où elle s’est permis d’adresser la parole une dernière fois à son agresseur, finalement menotté sous ses yeux.
«J’espère que tu réalises ce que tu m’as fait.»