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Alcool au volant: combien de décès avant d’agir?

FD-BARRAGE-QUEBEC

Photo d'archives, Agence QMI

Dominique Gauthier, 47 ans. Mario Fleury, 52 ans. Mathis Fillion, 18 ans. Trois vies fauchées par des conducteurs qui roulaient en sens inverse sur l’autoroute, présumément avec les capacités affaiblies par l’alcool. Ils laissent derrière eux parents, amis et collègues... qui se demandent ce qu’on peut faire de plus pour éviter de tels drames. 

Peut-on, en 2023, accepter qu’il y ait autant de décès sur nos routes par des conducteurs ayant les capacités affaiblies, alors qu’il existe une panoplie d’options nous permettant un retour sécuritaire à la maison? Absolument pas!

Chaque année au Québec, ce sont entre 300 et 350 personnes qui décèdent sur nos routes. Nous en sommes à ce constat depuis 2016 et la réduction de ce nombre est de plus en plus difficile.

Par ailleurs, on ne doit pas s’attendre à un bilan provincial 2022 très reluisant en voyant les données diffusées par la Sûreté du Québec, plus tôt cette année. J’entends déjà l’une des questions soulevées au moment où il sera dévoilé : comment améliorer notre bilan routier pour les prochaines années?

Des résultats positifs ailleurs

Seule province au Canada n’ayant pas de mesures administratives en matière d’alcool au volant, le Québec aurait pourtant avantage à s’inspirer des résultats canadiens. La Colombie-Britannique a mis en place de telles mesures en 2019. Une analyse subséquente, effectuée par les autorités en place, démontre que 522 vies ont été sauvées depuis l’adoption de celles-ci et que le nombre de décès liés à l’alcool a été réduit de 50%.

Même son de cloche du côté de l’Ontario où la fourchette d’application des sanctions administratives a permis de réduire de 17% le nombre mensuel de blessures et de décès associés à la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool.

Le risque d’être impliqué dans une collision mortelle est multiplié par 4 avec un taux d’alcool se situant entre 0,05 et 0,08 (soit entre 50 mg et 80 mg d'alcool par 100 ml de sang). Il est grand temps que le Québec pose les gestes susceptibles d'avoir un bénéfice concret et mesurable.

Une mesure administrative à partir de 0,05

En matière de conduite avec les capacités affaiblies, la mise en place de mesures « administratives » s’impose à partir d’un taux de 0,05. Elles augmentent de façon significative non seulement la possibilité, mais aussi la perception que la probabilité de se « faire prendre » augmente, ce qui influencerait de façon positive les comportements de la majorité des conducteurs.

Qui plus est, elles s’appliquent sur-le-champ et sans casier judiciaire. Les bénéfices collectifs d’une telle mesure outrepassent largement le désir d’une poignée de gens cherchant à défendre le statu quo, faisant fi des nombreux décès sur nos routes en raison de capacités affaiblies.

Peut-on espérer que des mesures soient mises en place afin de nous assurer une sécurité accrue dans nos déplacements face aux personnes qui prennent la décision de boire et de conduire?

Si l’on pose la question aux proches de Dominique, Mario ou Mathis... la réponse coule de source, fort à parier qu’elle serait la même pour un nombre grandissant de gens. Cela me fait croire qu’il y a maintenant un niveau d’acceptabilité sociale élevé, et que, bien que l’on doive s’attendre à une certaine levée de boucliers, la mise en place de telles mesures serait favorablement accueillie.

Combien de vies supplémentaires fauchées, combien de proches affectés à vie, combien d’études scientifiques supplémentaires seront nécessaires pour poser les bons gestes? Attendrons-nous encore longtemps?

Photo courtoisie, CAA Québec

Marco Harrison, Directeur, sécurité routière et Fondation CAA-Québec

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