Deux hommes d’affaires ont été reconnus coupables d’avoir détourné plus d’un million de dollars versés par la Ville de Boucherville pour des travaux, afin de financer un comptoir d’or et de diamants au Congo.
Patrick Alain et Franck Bubara Kataka étaient accusés de fraude en lien avec un contrat de 3,36 millions de dollars octroyé par la Ville de Boucherville, pour la finition du projet du Café centre d’art.

Photo MARTIN ALARIE
Patrick Alain, qui a évité notre photographe, a été reconnu coupable de fraude lundi, au palais de justice de Longueuil, en lien avec un contrat octroyé par la Ville de Boucherville.
C’est la compagnie TRM qui a obtenu le contrat. Pendant près de huit mois, l’entreprise a reçu des paiements totalisant 2 002 878 $.
Or, plutôt que de payer les sous-traitants engagés pour effectuer les travaux, la compagnie transférait les sommes reçues par la Ville dans divers comptes ainsi qu’au Congo, a résumé le juge Serge Delisle, en condamnant les coaccusés lundi, à Longueuil.
Pourtant, la Ville de Boucherville avait pris la peine d’exiger que l’entreprise soit cautionnée afin d’assurer un recours, advenant que TRM ne paie pas ses sous-traitants. C’est la société Sûreté de l’Ouest du Canada, gérée par Franck Bubara Katata, qui a hérité de ce rôle.
«Fausse caution»
Mais les sous-traitants n’ont même pas touché la moitié de l’argent versé par la Ville. Tous ont essuyé des pertes, dont un, qui n’a pas reçu un sou malgré la réalisation complète d’un contrat de plus de 175 000 $.
La société de Katata était en fait une «fausse caution», qui n’a jamais eu la capacité financière pour garantir la soumission. C’est Patrick Alain qui aurait eu l’idée de la compagnie de cautionnement.
Il souhaitait alors «diversifier» son portefeuille d’investissement et s’intéressait à la vente et à l’achat d’or et de diamants au Congo. Si Katata a accepté, c’est parce qu’il se dit emballé par ce projet minier dans son pays natal.
Voyages au Congo
Les coaccusés se sont même rendus au Congo. Plusieurs transactions ont été faites pendant leur séjour, a noté le juge.
Au total, c’est plus de 350 000 $ de l’argent versé par la Ville de Boucherville qui ont été envoyés à la Rawbank de Kinshasa, au Congo. Les accusés ont aussi encaissé d’importantes sommes.
Deux autres individus, responsables de l’entreprise TRM, étaient aussi impliqués dans le stratagème et ont reconnu leur culpabilité il y a un an. Jacques Lavoie a écopé d’une peine de deux ans moins un jour, et son fils William s’en est tiré avec une absolution conditionnelle.
«Ç’a été un long processus qui a duré cinq ans, avec une quinzaine de requêtes, une centaine de pièces de déposées et un procès d’un mois. Mais on est excessivement satisfaits du résultat», a commenté le procureur de la Couronne au dossier, Me Simon Lacoste.