Un médecin de famille de Montréal est à nouveau coupable d’inconduite sexuelle pour avoir fait subir un examen gynécologique abusif à une patiente de 20 ans qui consultait pour de l’acné au front.
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«Je me suis sentie violée», a confié la jeune femme (dont l’identité est protégée) au Collège des médecins du Québec (CMQ), après avoir réalisé la gravité des gestes qu’elle a subis, en 2018.
Le Dr Craig Smith est ainsi coupable d’une deuxième inconduite sexuelle, dans une décision du Conseil de discipline du CMQ rendue le 17 mars dernier.
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Elle a cédé à la «pression»
Incapable d’avoir un rendez-vous avec sa dermatologue, la patiente de 20 ans avait pris rendez-vous avec le Dr Smith, pour des éruptions cutanées au front. Elle n’avait pas de problèmes vaginaux. À plusieurs reprises, elle a refusé de subir un examen gynécologique, parce qu’elle «ne voit pas le lien entre des éruptions cutanées au front et un examen vaginal», lit-on.
Elle a finalement cédé «à la pression», et a témoigné avoir dû se dévêtir en présence du Dr Smith qui a verrouillé la porte. «Il ne lui offre aucune jaquette ou serviette», lit-on.
Selon le jugement, le Dr Smith a soupçonné la présence d’une vaginite ou d’une infection transmise sexuellement et par le sang. Selon la patiente, le Dr Smith a inséré un seul doigt dans son vagin «et a peut-être fait des mouvements circulaires», a-t-elle dit.
Par la suite, la jeune femme a dû se lever.
«Il lui demande de se pencher vers l’avant à environ 45 degrés. Il écarte ensuite ses fesses pour faire un examen visuel de la zone anale et périanale, lequel dure environ 10 à 15 secondes», écrit le Conseil.
Le Dr Smith, qui pratique depuis 2003, n’a pas nié avoir procédé de cette manière, et a indiqué que c’est une technique reconnue. Le Conseil a plutôt jugé que ceci est un geste abusif à caractère sexuel. Après ce rendez-vous, la jeune femme s’était confiée à des proches, et doutait de ce qu’elle avait subi.
Sanction clémente
En 2019, le Dr Smith avait été radié trois ans pour avoir pris en photo les parties génitales d’une patiente à son insu et avoir tenté d’en photographier une autre avec son cellulaire alors qu’elle avait les seins nus. Il avait reçu une sanction plus clémente que le minimum de cinq ans prévu par la loi.
Informée de cette précédente condamnation, la patiente de 20 ans a réalisé qu’elle avait subi une «agression sexuelle».
«Elle réalise “qu’elle a le devoir de porter plainte”, car elle juge qu’elle a vécu un évènement sérieux et qu’elle n’est pas la seule personne ayant vécu une telle chose», lit-on dans le jugement.
Une audience sur sanction devra être fixée prochainement, selon le CMQ.
Le Dr Smith a remis en doute la version de la jeune patiente, et a nié avoir inséré un seul doigt dans son vagin. Depuis juillet 2022, il a recommencé à pratiquer, mais il ne peut désormais soigner que des hommes.
Le Dr Smith travaille à la clinique Physimed de l’arrondissement de Saint-Laurent, selon le CMQ.
Dans un jugement de 2022, le Dr Smith avait dit regretter ses gestes et avait senti «de la honte et de l’embarras». Durant sa radiation, il a fait du bénévolat et a travaillé dans une banque alimentaire «de manière à aider autrement le public».
Selon le psychiatre qui suit le Dr Smith depuis 2018, celui-ci ne «présente pas de risque de récidive», indiquait le jugement.