Normalement, entre 10 et 15 personnes sont infectées chaque année par la bactérie mangeuse de chair, au Saguenay-Lac-Saint-Jean; or déjà quatre cas ont été répertoriés depuis le début du mois de mars seulement.
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Deux personnes frappées par la maladie au cours des trois derniers mois ont accepté de témoigner.
Isabelle Grégoire l'a échappé belle le 22 février dernier.
«Vers 7h j'ai senti une douleur dans mon doigt sur une petite coupure qui était pratiquement guérie. Ça a vraiment pincé. J'ai désinfecté et mis un “plaster”. Le temps que je finisse de travailler, les petits bourrelets de ma coupure étaient comme enflés, ça a été très rapide», s’est-elle souvenue.
Le lendemain, elle s’est rendue à l'urgence. En l'espace de cinq minutes, Mme Grégoire a été prise en charge et le verdict est tombé: c'était la bactérie mangeuse de chair.
«La bactérie a eu le temps de se rendre jusqu'au tendon, donc la bactérie a fait du ravage assez rapidement. La même journée que j'étais là, il y en a un autre qui s'est fait opérer et lui ça s'est rendu dans sa lymphe. Deux dans la même journée, ça faisait trois dans la même semaine qu'ils opéraient. Depuis le mois de janvier, moi ils m'ont opéré le 23 février. Il y avait eu 5 cas. Il y a un médecin qui me disait que ça faisait une dizaine d'année qu'il était là et qu'il n'en avait pas vu», a-t-elle admis.
Quatre cas en 28 jours
Impossible de savoir auprès des autorités de la santé combien de personnes ont été infectées dans la région depuis le début de l'année. Tout ce que l'on sait, c'est que quatre cas ont été recensés ce mois-ci, alors qu'en moyenne on en dénombre de 10 à 15 pendant toute une année.
«Il faut vraiment être attentif. Une plaie qui rougit, qui devient chaude ou qui fait mal, c'est de tout de suite consulter», a prévenu Mme Grégoire.
Carol-Ann Doucet en sait quelque chose, elle a aussi contracté la même bactérie il y a deux mois.
«Du temps où j'ai commencé à sentir une bosse dans mon bobo à aller jusqu'à ce que j'aie la main qui ne bouge plus, ça a pris environ 10 heures. C'est mieux d'aller attendre un peu trop longtemps à l'urgence pour rien que de perdre un membre parce que moi j'ai passé à deux doigts de perdre un membre, a-t-elle raconté. J'avais une craque sur la main. Je me suis rendue compte que j'avais une bosse probablement de pus par en dedans.»
Elle a subi trois opérations en 11 jours.
«J'ai été chanceuse, quand je me suis réveillée, ils ont été capables de sauver ma main et mon bras. Je n'ai pas eu besoin d'amputation, mais c'était une question d'heures et mon médecin a dit de minutes», a-t-elle expliqué.
Elle a aussi entendu dire qu’elle n’était pas la seule à avoir eu ce diagnostic récemment.
«[Les médecins] m'ont dit qu'en ce moment il y avait vraiment une grosse vague. J'ai reparlé à des gens qui travaillent dans le milieu de la santé et il y a encore des cas en ce moment au même hôpital où j'étais. Ma clientèle au salon, ça fait déjà trois cas que j'entends parler dans la dernière année», a dit Mme Doucet.
Les autorités de la santé assurent que la situation n'est pas anormale pour l'instant et que le cas échéant, la santé publique peut se mettre en action rapidement.