Depuis maintenant plus de trois années, le sujet du manque récurrent de personnel dans le système de santé nous est sans cesse mis en évidence jour après jour. Que cela soit par nos proches qui y travaillent dans des conditions pressurisées et qui nous en parlent, par la réalité des délais que nous vivons lorsque nous avons besoin de soins ou bien par les faits relatés dans les médias, le constat est troublant et c’est l’ensemble des Québécois qui paient le prix pour la mauvaise administration qui y règne.
Une des raisons principales de cette problématique, outre les piètres tentatives du réseau pour améliorer sa rétention de personnel, c’est le manque de place en garderie. En effet, avec proportion majoritaire de femmes au sein de ses employés, le système souffre terriblement du temps d’attente pour une place en garderie pour les poupons du personnel féminin.
Imaginez les milliers de préposées, infirmières, médecins et autres professionnels qui ne peuvent pas retourner sur le marché du travail, en manque criant de ces spécialistes, en raison du fait qu’elles doivent rester à la maison, faute de milieux de garde.
Retenue à la maison
Le ministère de la Santé est tellement au courant du dossier, que lorsqu’une de ses membres tombe en congé de maternité, c’est 2 ans d’office de congé qui est accordé et non une année comme ce l’était anciennement. Cela signifie, clairement, que l’État sait pertinemment qu’une fois l’année passée sur la RQAP à s’occuper de leur nouveau-né, une grande portion de ces mamans à la maison depuis déjà une année devront rester pour 6 mois, voir un an, à rester sans solde au berceau de bébé puisque la création de place en garderie ne semble pas une priorité pour notre gouvernement.
Pourtant, il s’agit, selon moi, d’un enjeu de société majeur actuellement. En plus de contribuer à l’appauvrissement des femmes, puisqu’elles sont obligées par le contexte à rester à la maison sans aucune source de revenu, cela met un poids immense sur le dos des familles déjà mises à rude épreuve en cette période d’hyperinflation et de montée des taux d’intérêts. C’est un revenu sur deux qui manque sur plusieurs mois dans des couples impuissants face à la pénurie de garderies, créant du surendettement dans un moment déjà bien creux au niveau économique. Imaginez les ravages pour les jeunes mères monoparentales se retrouvant sans aucun salaire, devant jongler, voir faire des miracles pour arriver à la fin du mois. Cette situation doit être adressée au plus vite par nos élus.
Stress
Cette course contre la montre pour trouver une place en garderie et préparer son retour au travail commence dès la venue au monde d’un nouveau bébé, générant anxiété, frustrations et impuissances, alors que les premiers mois de vie se devraient d’être doux, paisibles et avec le moins de sources de stress possibles. Cette nouvelle réalité déroutante, je la vois autour de moi dans mon entourage où des nouvelles familles s’agrandissent et, je le vis personnellement, étant nouvellement papa d’une petite ange de bientôt 6 mois.
Nous sommes inscris sur le site officiel du gouvernement depuis plus d’une année, nous avons fait appel à nos proches, nous avons écumé les réseaux sociaux et c’est maintenant ici que j’adresse ce cri du cœur en parlant au nom de toutes les familles luttant activement pour trouver un milieu sain, sécuritaire et propice au bien-être de leur enfant qui veut simplement socialiser pendant que ses parents gagnent fièrement leur vie!
Vivant dans les Laurentides, à Prévost, nous sommes 105e en attente pour la seule nouvelle garderie du secteur, qui va prendre seulement 20 nouveaux poupons en septembre, à l’ouverture de ses portes. Nous nous sentons impuissants. Imaginez la maman qui a commenté sur ma page d’actualité qu’elle est 535e en attente pour le même endroit.
Au final, ce sont des centaines de familles dans mon secteur, et des milliers dans la province, qui sont pénalisées financièrement par la perte d’un revenu pour une période indéterminée et socialement, avec l’isolement forcée des mères restant à la maison et le manque de socialisation des bébés qui n’ont pas accès à la même chance que ceux ayant une place en milieu de garde.

Photo fournie par Jonathan Brisebois-Lépine
Jonathan Lépine-Brisebois, Gestionnaire aux ventes, Prévost