Aussitôt le budget déposé, aussitôt les premières critiques lancées. Que ce soit en lien avec le logement social, les investissements en santé, le troisième lien Québec-Lévis ou encore la baisse d’impôt promise, chaque parti d’opposition à l’Assemblée nationale avait des choses à reprocher au gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Mais un élément qui ressort selon moi, probablement dû à mes intérêts personnels, mais pas seulement, est la part du financement allouée aux universités dans le Plan québécois des infrastructures 2023-2033. « À elles seules, les universités McGill et Concordia obtiendront au total 622 millions sur le 1,04 milliard qui sera consenti à terme par le gouvernement du Québec à toutes les universités dans la liste des projets en réalisation ».
Surfinancement
Ceci n’est pas nécessairement une nouvelle qui fait tomber le Québécois moyen en bas de sa chaise. En effet, de nombreuses voix s’élèvent depuis plusieurs années afin de critiquer le surfinancement des universités anglophones au Québec, autant dans la société civile que dans les médias et à l’Assemblée nationale. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’avec la CAQ, on continue! Et ce, même si l’éducation supérieure est reconnue comme étant devenue le principal vecteur d’anglicisation au Québec et que la CAQ se veut proactive, ou du moins veut se donner l’image d’être proactive, dans le dossier de la protection du français au Québec.
Mais revenons aux chiffres du budget présenté le mardi 21 mars. McGill et Concordia totalisent environ 60% des dépenses prévues dans le Plan québécois des infrastructures 2023-2033, comparativement aux 16 universités de langue française qui se répartissent les 40% restants.
Selon les données partielles de la Banque de données des statistiques officielles sur le Québec, ces 16 autres universités représentent 76% de la population étudiante universitaire dans la province. Rappelons également que la minorité anglophone québécoise s’élevait à une proportion de 13% si nous regardons la première langue officielle parlée dans le recensement de la population de 2021. Les universités censées les desservir sont donc financées à plus de quatre fois leur proportion démographique réelle!
Le réseau de l’Université du Québec
Mais le portrait est encore plus sombre pour les établissements relevant du réseau de l’Université du Québec (UQ). Ce réseau, créé en 1968, avait trois objectifs : accroître le niveau de formation de la population québécoise par une accessibilité accrue, assurer le développement scientifique du Québec et contribuer au développement de ses régions[5]. Ce sont ces établissements qui desservent en éducation universitaire bien des régions, allant de l’Outaouais à l’Abitibi-Témiscamingue en passant par Rimouski (un drôle de trajet, j’en conviens). Les 10 universités de l’UQ, accueillant un peu plus de 30% des étudiants universitaires au Québec, se verront seulement accorder 5% du financement dans le Plan québécois des infrastructures 2023-2033.
Ça me semble assez peu, venant d’un parti qui se veut un représentant des régions. J’imagine que c’est un meilleur investissement de financer notre anglicisation à coups de millions.

Photo Anna Tompkins
Jérémy Plamondon, Étudiant à la maîtrise en science politique